Acte II du Collège Universitaire : les bicus sans ambicuité

Avec ce premier épisode d’une série d’articles portant sur le ressenti des étudiants concernant l’acte II du Collège universitaire, nous allons ici nous intéresser à un cas un peu particulier : celui des étudiants en bicursus (bicu pour les intimes). SPIV, SMASS et SCUBE, que pensent-ils de cette réforme ? Ils ont la parole.

Lorsque l’on interroge les bicursus, le terme qui revient le plus souvent dans leur bouche est celui d’« appauvrissement ».  De par leur double formation, il est d’usage que les étudiants en bicursus aient un emploi du temps allégé afin de leur permettre de mener de front la charge de travail qu’ils ont dans les deux institutions avec des engagements associatifs, sportifs ou artistiques. Avant l’acte II du Collège universitaire, les bicursus étaient notamment dispensés de suivre en première année les cours d’humanités politiques et de statistiques, ainsi que la deuxième langue vivante en présentiel, qui restait une option. En deuxième année, les enseignements électifs de même que la deuxième langue se trouvaient en option également.

Toutefois, cette réforme marque véritablement un tournant en terme de quantité de cours offerte aux étudiants, notamment en deuxième année. Sont ainsi supprimés le cours de tronc commun (plus couramment appelé « mineure »), les séminaires, les ateliers méthodologiques ainsi que la deuxième langue vivante en présentiel. C’est pourquoi certains étudiants pensent que « le concept de se spécialiser tout en étant pluridisciplinaire ne fonctionne pas trop » (Mathieu*) pour les bicursus. Un manque de pluridisciplinarité est ainsi à déplorer pour une majorité d’étudiants alors qu’un nombre important d’entre eux considère cet aspect comme essentiel dans leur scolarité à Sciences Po.

Nombreux furent ainsi ceux à vouloir conserver le cours de tronc commun. Leïla*, étudiante en deuxième année, déclare notamment à ce sujet: «  sur le principe, j’aime bien l’idée d’approfondir certaines matières qui m’ont plu lors de ma première année mais je suis déçue de ne pas pouvoir choisir un cours de tronc commun. Je trouve qu’il apporte un certain équilibre et aurait pu me permettre de continuer à découvrir d’autres disciplines ou d’autres sujets. ».

Certains craignent également que l’absence d’ateliers méthodologiques ne les handicape lors des cours d’approfondissement de leur majeure comme le considère Cynthia*, pour qui « l’apprentissage de certaines méthodes (au cours des ateliers) est essentiel et sera probablement demandé en cours ». En outre, l’impossibilité de choisir deux cours de langue en présentiel amène certains à s’interroger sur la réelle dimension internationale de Sciences Po.

Le parcours civique a quant à lui été globalement bien accueilli et beaucoup d’étudiants en bicursus trouvent que la reconnaissance de leur engagement associatif est positive. Paul* déclare notamment que « le parcours civique apporte vraiment quelque chose en plus, un apprentissage non scolaire mais au moins autant formateur ». Toutefois, bien qu’étant conscient qu’il ne s’agit que de la première année de sa mise en place, une communication plus poussée et des délais de réponses raccourcis aux lettres d’engagement eurent été appréciés par une majorité d’étudiants. Enfin, un manque de communication entre les étudiants de bicursus et l’administration est à déplorer, de même que l’impression d’une non-prise en compte de leurs revendications par celle-ci. Toutefois, beaucoup espèrent que les réunions de rentrée permettront de trouver des solutions aux problèmes soulevés.

Les étudiants en bicursus auraient notamment souhaité que les cours de deuxième année auxquels ils n’ont pas accès leur soient proposés en option et non fermés. De cette manière, chacun aurait pu organiser son emploi du temps comme il le souhaitait en fonction de ses engagements externes et de son projet professionnel. Par ailleurs, beaucoup d’étudiants auraient apprécié que les cours de tronc commun soient filmés afin de leur permettre de les suivre même s’ils ne peuvent y assister en présentiel.

Ainsi, si la réforme est en elle-même jugée nécessaire pour beaucoup, une plus grande ouverture pluridisciplinaire ainsi qu’un choix de cours plus conséquent auraient été appréciés par les étudiants en bicursus. Albin*, étudiant en deuxième année, déclare notamment à ce sujet : « D’un point de vue général, je trouve cette réforme intéressante et surtout nécessaire. Nécessaire parce qu’avant l’acte II, les cours étaient tellement divers et éclatés qu’il était quasiment possible que des élèves en 2A ne suivent pas du tout les mêmes cours. Donc, pour une meilleure reconnaissance du diplôme (ce qui lui a d’ailleurs valu le grade de licence), cette réforme me semble importante. Toutefois, concernant les bicursus, j’ai l’impression qu’on nous délivre une formation dépouillée de son contenu, et que la « mineure » aurait au moins dû nous être laissée ».

Reste ainsi à attendre d’éventuelles concertations entre les bicursus et Sciences Po, avec de possibles ajustements pour les promotions à suivre. A suivre donc !

Merci à toutes les personnes ayant accepté de témoigner !

*Les prénoms ont été changés.

CANIZO Charlotte