• Liberté violette

    L’ombre noire des figuiers sur les maisons crépiesChantent l’après-midi les enfants du paysLassés des villas closes ils courent les ruellesLa jeunesse éperdue s’éparpille au soleil. Petits guérilleros, enfants d’Athènes et Sparte,De leurs pieds nus blessés les brides s’en écartentLa liberté violette colorie leurs molletsLa mer et les citrons, les cassis écrasés. Sans pères et sans regrets, d’Hésiode ils sont nésLeurs yeux, soleils noirs, s’imprègnent des beautésD’Ulysse et des aèdes, des boucles et des quatrains;Émerge, immarcescible, l’enfant baudelairien. -Μυρτιά Image : David Seymour, Magnum Photos

  • Le Pardon

    « Je sais jamais : c’est le premier ou le deuxième week-end de juillet ? » Ma mère me répète, alors que je lui demande si cette année on irait aider au pardon de Landouzen. La question se pose en effet tous les ans : de la date (pour les moins investis) et du déroulement des opérations (pour les plus intéressés). Des fêtes similaires se déroulent dans toutes les chapelles des environs (Loc Maria, Loc Mazé…) et rivalisent d’activités pour appâter les ruraux (très peu viennent de Brest pour l’occasion). La rénovation de la chapelle fête ses 50 ans ; cette année se révèle donc cruciale…

  • Un dimanche dans tous ses états

    “Il y a toujours des gens qui trouvent des choses à ne rien dire.” Raymond Queneau Si les bons artistes copient et les grands artistes volent, aujourd’hui nous nous contenterons d’essayer d’être de bons artistes. La lecture des Exercices de style de Raymond Queneau a été pour nous une révélation ; nous y avons découvert une manière d’écrire fulgurante, libre et innovante. Alors, que Raymond nous le pardonne, nous nous sommes librement inspirés de son concept pour nous lancer dans l’écriture d’Un dimanche dans tous ses états. Vous allez le comprendre, le principe est très simple : nous avons réécrit…

  • Sisyphe sous Covid

    Heureux qui, comme Sisyphe, porte un beau masque… Mardi 17 mars : nous étions tous appelés à faire huis clos. Perdus de se retrouver chez soi, certains ont voulu comprendre. Mieux saisir pour probablement mieux dompter, nombreux se sont livrés à des lectures dites de circonstances. La Peste de Camus en tête. Comment pourrait-il en être autrement ? Le parallèle avec la situation actuelle pique les yeux. Mais, au-delà de l’évidence de cet écho, un autre ouvrage trouve tout autant sa place. Publié cinq ans avant, Le Mythe de Sisyphe, indéboulonnable roc, secoue le paysage intellectuel de l’époque. Après une première et fugace inspection,…

  • Tqelt, ou attendre en Amazigh

    Il est minuit. Je suis encore allongé, la tête fatiguée, les muscles contractés et le regard perdu. Dans le silence obscur de mon appartement, mon visage est éclairé par les mouvements et reflets d’un visage sur l’écran de mon téléphone. Cela fait une semaine que je réduis mes déplacements, que je me retrouve seul dans mon appartement. Mon colloc est parti il y a quelques temps. Depuis, mes nuits sont longues, plus que mes jours, et les vidéos en live des artistes sur toutes sortes d’applications me tiennent compagnie.   Ce soir, je regarde Fadily Camara parler avec Camille Lellouche,…