Cyrano de Bergerac en Boutmy – et ailleurs : une initiative étudiante comme on n’en a jamais vu.

Représenter la pièce la plus célèbre d’Edmond Rostand avec orchestre, chœur, danseurs et combats d’épée au sein du traditionnel amphithéâtre Emile Boutmy, voilà un projet peu banal.

L’idée a pourtant germé dans l’esprit de Mathieu Pettine, étudiant en première année à Sciences Po (Campus de Paris), lors de la rentrée du semestre d’automne. Fort de ses derniers projets, notamment du long métrage Anima (2022) qu’il a co-réalisé avec son ami Yves Mugglestone, Mathieu a commencé à partager son intention avec quelques camarades dès le mois de septembre. L’idée : donner à voir une représentation de Cyrano de Bergerac « comme on n’en a jamais vu ».

Finalement, ce sont près de cent personnes, principalement des étudiants de 1A, qui se sont engagées dans ce projet de « théâtre-concert immersif » où danse, chant et musique accompagnent la prestation de vingt comédiens.

Un investissement considérable

Pendant plusieurs mois, ces derniers ont travaillé leur jeu avec cinq metteurs en scène sous la direction d’Emie Danan, étudiante en première année pratiquant le théâtre depuis ses six ans. Pour les trois comédiens principaux – Vladimir Kogan (Cyrano), Ana-Maria Codescu (Roxane) et Trajan Susini (Christian), il a fallu répéter au minimum six heures par semaine, sans compter le temps d’apprentissage du texte.

Celui-ci a par ailleurs été allégé entièrement de l’acte IV, qui a été remplacé par une danse contemporaine retraçant les grands évènements de l’acte et leurs implications pour les différents personnages.

La musique, elle, a été exclusivement composée pour l’occasion par Elise Crambes, membre de l’Orchestre de Paris.

Si l’investissement personnel de tous les membres du projet a été colossal, le coût financier l’a été tout autant. Entre la location de salles et de costumes – qui ont été pour certains confectionnés par des étudiants de Sciences Po – et surtout les différentes prothèses de nez nécessaires pour jouer le fameux Cyrano à chaque représentation, entre deux-cents à trois-cents euros la pose, plusieurs milliers d’euros ont été déboursés.

Ainsi, bien que l’initiative étudiante ait été subventionnée par le CROUS de Paris et que des places aient été mises en vente pour les représentations qui se sont tenues au théâtre du Ranelagh (Paris, 16eme arrondissement), les dons des spectateurs ont été essentiels.

Les comédiens en répétition
Une initiative appréciée par le public

Au total, trois représentations ont eu lieu : une en Boutmy puis deux au théâtre du Ranelagh. Toutes ont été saluées par les différents spectateurs qui y ont assisté – principalement des parents et amis des personnes investies dans le projet ainsi que des professeurs et élèves de Sciences Po.

À l’issue de la première représentation, un parent d’élève a comparé la prestation des étudiants à celles qui peuvent être proposées par des comédiens professionnels. Pour lui, l’écart entre celles-ci n’est pas si important. Une étudiante a également souligné l’importance de l’orchestre et du chœur qui ont véritablement porté la pièce selon elle.

Encouragé par ces retours positifs, Mathieu envisage déjà de monter un nouveau projet en deuxième année, qui soit « encore plus spectaculaire et moins littéraire ». Si rien n’est encore décidé, l’étudiant affirme sa volonté d’écrire entièrement ce prochain spectacle, qui ne sera pas nécessairement une pièce de théâtre.

En attendant cette nouvelle initiative, un documentaire retraçant l’histoire du projet Cyrano est en cours de préparation. Sa sortie est prévue pour la rentrée prochaine.

Crédits photos :
  1. Chloé Auffray
  2. Alexia Shynkevich