Droit de réponse de Solidaires Etudiant-es Sciences Po : au sujet de l’autogestion et de l’autodéfense

Suite à la publication de notre article, « Solidaires, jusque dans la violence ? » paru sur notre site le vendredi 31 janvier, Solidaires Sciences Po a souhaité exercer son droit de réponse. Nous publions ici leur texte. 

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A cette question de La Péniche : « Le recours à la violence est-il légitime comme mode de revendication ? », nous avions répondu ceci : « Ta question est un sujet de dissertation, pardonne [nous] d’y répondre simplement. Solidaires ScPo n’a jamais appelé à quelque acte violent que ce soit, ne prône ni n’a jamais prôné la violence. Solidaires est un syndicat, pas une milice. Si tu fais référence à la venue de Philippot, il n’y a eu aucun appel à la violence de la part de Solidaires et aucune violence effective à un quelconque moment. »1 De fait, la violence en politique est un sujet extrêmement complexe et tentaculaire, impossible à traiter en deux pages et pour cause, certain-es consacrent même leur vie entière à réfléchir et écrire sur ce sujet. Nous voulons croire que la complexité du sujet et l’ambition des choix éditoriaux expliquent en partie la piètre qualité (et c’est un doux euphémisme) de l’article rédigé à notre encontre. Faute de temps, nous ne reviendrons pas dans le détail sur les différentes erreurs factuelles plus ou moins grossières dont l’article est truffé2, nous soulignerons simplement trois points cruciaux.

Premièrement, D.T. n’est pas « un des responsables de notre mouvement ». Et ce, d’abord, parce que nous ne sommes pas un mouvement, mais une association ou un syndicat, comme vous voudrez. D’ailleurs, un conseil à l’équipe de rédaction : si vous voulez inspirer la méfiance, utilisez «mouvance» plutôt que «mouvement » (derrière, vous pouvez ajouter anarcho-autonome, islamo-trotskyste ou judéo-maçonnique, au choix, c’est pratique). Ensuite, D.T. (salut chef !) n’est pas « un des responsables » de Solidaires Etudiant-es Sciences Po, pour la bonne raison que Solidaires Etudiant-es Sciences Po ne compte aucun responsable. Ou alors, elle ne compte que des responsables, ce qui revient au même. Certes, il y a une présidente (salut cheffe !), mais elle a été tirée au sort. Certes, il y a un trésorier (salut chef !), mais il avait perdu un pari. Donc non, il n’y pas de “responsable”. C’est bizarre, vous dites ? Entre nous, on appelle ça l’ « autogestion ». En gros, ça veut dire « pas de chef ». Ce n’est pas facile, ça prend du temps, mais ça apprend des choses. Et ça, on y tient beaucoup. Dommage que vous n’en parliez pas dans votre article…

Deuxièmement, les informations au cœur de l’article de La Péniche à notre sujet sont apparemment des récits plus ou moins romancés (bien évidemment toujours conjugués au conditionnel) d’étudiant-es encarté-es à l’UNI-MET, dont on ne détaillera pas ici les différends politiques avec Solidaires3. Plusieurs témoignages d’étudiant-es d’organisations diverses, présent-es au moment des faits, démentent d’ailleurs le récit sur lequel s’appuie l’article. Effectivement, il serait avéré (oui vous avez remarqué, nous aussi on utilise le conditionnel, pas bête la belette…) que des étudiant-es de l’université de Nanterre (dont… 2 militant-es Solidaires Etudiant-e-s, l’écrasante majorité des présent-es n’ayant strictement rien à voir avec ce syndicat) et des militants dits “sans facs” (c’est à dire en lutte pour obliger l’université à reconnaître leur inscription) se seraient opposé-es à la présence agressive sur le campus des militant-es de l’UNI. Un coup de ceinture a vraisemblablement été donné à un militant UNI, mais son auteur ne faisait pas partie de Solidaires Etudiant-es. Le seconde épisode de violence fait référence aux coups échangés entre des militant-es de gauche, dont plusieurs syndiqué-es à (alors) SUD Etudiant Paris I, et des militant-es UNI dans la fosse de Tolbiac. Il faut dire que ces dernier-es étaient venu-es distribuer des tracts accompagné-es de… militant-es du GUD (organisation ouvertement fasciste4, dont l’un des anciens chefaillons s’était fait tatouer sur l’avant-bras une femme blanche pendue à un gibet, le tout accompagné de ces doux termes : « j’ai trahi ma race »). Contrairement à ce qui est prétendu dans l’article de La Péniche, ce serait bien les militant-es de l’UNI qui auraient porté les premiers coups. Antoine Diers faisait partie de ceux-là. Cumulant par ailleurs des responsabilités à l’UNI, aux Jeunes Populaires, à l’UMP, mais également dans des organisations d’extrême-droite telles que Liberté pour la France et Jeunes Pour la France, il n’a rien de l’innocente victime de « ratonnade ». On signalera au passage, que M. Diers participe de manière récurrente à des émissions sur Radio Courtoisie, la radio des fachos, parfois en compagnie – oh surprise ! – de militant-es du GUD (organisation fasciste, on le répète au cas où certain.es n’auraient pas encore compris) comme Edouard Klein, et de représentants du Blocco Studentesco, branche étudiante de l’organisation fasciste italienne Casa Pound.5

Troisièmement, il convient de distinguer ratonnade et auto-défense. Lorsque des militant-es du GUD (organisation… fasciste !) tractent sur un campus (parfois casqué-es et armé-es), c’est une agression pour toutes les personnes qu’ils sont susceptibles de passer à tabac ainsi que pour tout-es celles et ceux qui sont visé-es par leurs propos (sexistes, homophobes, racistes, vous avez l’embarras du choix). S’organiser pour empêcher les arguments fascistes ou fascisants de se propager, c’est de l’autodéfense, c’est de l’antifascisme. Nier la violence première des organisations d’extrême-droite, c’est déjà prendre parti.

Personne à Solidaires ne défend la violence en soi, pas plus qu’à l’UNEF, qui pourtant en fait usage ponctuellement (pour empêcher d’autres organisations de tracter le long de ses cortèges, par exemple), sans parler de l’usage de la violence par l’UNI qui attaque violemment et fréquemment des piquets de grève sur les facs partout en France. Pour vous la faire courte, on dira que la violence n’est pas l’apanage des organisations d’extrême-gauche. En fait, la violence est présente partout en politique. Elle est aussi très souvent niée : lorsqu’elle concerne par exemple les comportements sexistes au quotidien entre militant-es (ou étudiant-es) ou les réflexions racistes « tolérées » au nom d’un humour qu’il serait bon d’avoir. A Solidaires, nous dénonçons cette violence et combattons au quotidien les comportements sexistes, racistes, homophobes et, plus largement, toutes les formes de dominations (sociales ou économiques).

Pour conclure, on ne peut que s’étonner de la confiance accordée par l’équipe de La Péniche aux dires de l’UNI-Met à notre sujet, puisque leur objectivité et leur sincérité à notre endroit a visiblement semblé indubitable à la rédaction. Enfin, les liens de certain-es membres de La Péniche avec l’association Europeans Now nous laissent songeur-ses quant à la possible rancune gardée de l’annulation d’une conférence à laquelle devait participer un éminent membre du FN (parti d’extrême-droite, dont les idées et les pratiques sont violentes et dangereuses). Cette annulation a eu lieu, rappelons-le, du fait de la décision de la participante d’Europe Ecologie-Les Verts de renoncer à son invitation. Suite à notre appel, elle avait visiblement choisi de NE PAS dialoguer avec le FN. Il serait regrettable que dans un lieu aussi farouchement républicain que Sciences Po, on règle ses comptes de manière si peu louable et si éloignée du « travail de journaliste » dont l’équipe de La Péniche se targue. Nous espérons que l’UNEF (salut camarades !) fera bientôt l’objet d’un article tout aussi “objectif” de la part de La Péniche. Quand à l’UNI (dont l’étiquette MET n’est que le cache sexe), au vu de ses accointances avec le GUD (organisation fasciste, allez, on le répète encore une fois pour que personne n’oublie) et le « Printemps français » (homophobes trouvant les homophobes de La Manif Pour « Tous » insuffisamment homophobes), nous ne leur souhaitons rien d’autre que de se taire.

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1 Cet échange a eu lieu par mail, nous en avons donc conservé une trace, si certain-es voulaient vérifier …

2 Concernant les “méthodes journalistiques” en elles même, nous vous renvoyons à l’article que nous avons publié sur notre facebook à ce sujet (le 4 Février vers 15h)

3 Si vous vouliez notre avis sur l’UNI, le voici : http://sud-etudiant.univ-lille1.fr/spip.php?article137

4 Un exemple au hasard du caractère fasciste ou néo-fasciste de cette organisation, dans l’hypothèses où certain-es n’en auraient pas encore été informées : http://etudiant.lefigaro.fr/les-news/actu/detail/article/a-nancy-le-gud-appelle-a-tabasser-les-homosexuels-1690/. Plus simplement, une recherche google « GUD » indique très vite de quel acabit il-les sont.

5 Pour avoir une idée des différentes prises de paroles du président du MET sur la radio des fachos vous pouvez aller voir ici (http://www.radiocourtoisie.fr/tag/antoine-diers/) ou ici (http://fr.novopress.info/110901/vers-quel-militantisme-etudiant-sur-radio-courtoisie-ce-7-avril-a-12h/ )

14 Comments

  • what

    Non mais je rêve où lerebours a marqué « syndicat de putte-lutte »?
    Le modérateur est parti en vacances? Non parce que là c’est pas un peu too much d’insulter les militants de solidaires de puttes?

  • Gael

    J’ajoute que ce passage était vraiment bien : « la violence n’est pas l’apanage des organisations d’extrême-gauche. En fait, la violence est présente partout en politique. Elle est aussi très souvent niée : lorsqu’elle concerne par exemple les comportements sexistes au quotidien entre militant-es (ou étudiant-es) ou les réflexions racistes « tolérées » au nom d’un humour qu’il serait bon d’avoir. « 

  • Gael

    Merci pour cette réponse, ça remet les choses au clair ! Je trouve ça incroyable que La Péniche ait laissé publier le premier article : il est vraiment mal informé, et paraît souvent à la limite de la malhonnêteté. Même si le droit de réponse est rude – je peux d’ailleurs le comprendre – La Péniche gagne aussi à le publier : en regardant les likes, il semble que c’est un des articles les plus populaires depuis des mois !

  • Euryanthe

    Primo, la demoiselle dont vous parlez n’est d’une part pas au BN de l’UNI et a d’autre part démissionné des responsabilités qu’elle avait au sein de cette organisation.

    Secondo, accuser d’anti-républicain tous ceux qui sont à la droite de Bayrou est une attaque ultra basse, tout comme considérer que le dialogue avec ses adversaires est vain.

    Enfin, la liberté d’expression est essentielle, pour toutes et tous !

    Cordialement, les gauchistes !
    Une fille de l’UNI et participant notamment aux manifs pour tous, soit la peste brune dans votre jargon 🙂

    • Claire

      Très chère Euryanthe, à quoi donc faites-vous référence quand vous vous offensez de tacles relatifs à un anti-républicanisme ? Comme vous, je suis toujours authentiquement affectée des attaques abusives nuisant à la qualité du débat, et ruinant la beauté que l’on peut espérer admirer dans une véritable joute politique. Cela me met même – pardonnez-moi l’expression – dans une singulière rogne ! Mais si vous pensez au dernier paragraphe du texte ci-dessus, je crains que son ironie ne vous ait échappé… Prenez garde : entre vous et moi, j’ai l’impression que l’ironie n’a pas fini de se moquer de vous.

  • NR

    Très cher Lerebour,

    Autant Sud tente une réponse argumentée sur le fond à l’article de La Péniche, autant ton commentaire est ridicule. Non, il n’y a pas d’attaques ad hominem dans cette réponse, puisque n’y sont cités que les protagonistes d’événements dans lesquels la responsabilité de Solidaires a été engagée dans l’article initial. Autant cette réponse dit des choses vraies et documentées (oui, il y a des liens très fraternels entre l’UNI et le GUD), autant ta tirade sur les blancs, les familles, les femmes est totalement infondée. Et ta sortie sur l’antisémitisme de l’ « extrême-gôche » est une accusation grave. Je te saurai gré de ne la porter à l’égard d’une organisation sans preuves.

    Ta loghorée respire surtout celle d’un type de droite acculé face à ses contradictions : soi-disant républicain mais bien content de pouvoir compter sur l’extrême droite la plus immonde dans ses manifestations homophobes. Mais tu n’es visiblement pas à une contradiction près, vu que tu te permets de dénoncer la « propagande mensongère » dans ton commentaire qui invente seul la ligne d’un syndicat.

    Je suis loin d’être un sympathisant de Solidaires, mais là je suis désolé de te dire que ton commentaire ne fait qu’exprimer tes fantasmes les plus fous. J’en viens à me demander si tu ne souhaiterais pas que tout cela soit vrai pour que tu te sentes conforté dans tes positions. Pour te le dire plus simplement : tu pues la rage.

    • Lerebour

      Si je « pue la rage » mon cher NR, vous puez la couardise en vous comportant, si vous me permettez l’expression, comme un « petit puceau » caché derrière l’anonymat bien commode des initiales…

      Cordialement,
      Lerebour.

      • NR

        Cher Lerebour,

        SI NR n’était pas assez explicite pour toi, permet-moi de t’imiter et de signer « Robin ». Et pour un pourfendeur des attaques ad hominem, je trouve intéressant que tu utilises à mon égard la qualification de « petit puceau ».

        Me revendiquant par ailleurs féministe, je te rassure que je n’ai aucunement peur du phallus, comme tu le dis plus haut. Si cela t’intéresse, je te présenterai le mien avec plaisir.

        Bien à toi,

        Robin

  • Lerebour

    Grands adeptes de la lapidation ad-hominem, Solidaires Etudiants (prononcer selon la novlangue en vigueur : « tiret e tiret s » ) ne savent disqualifier leurs adversaires/ennemis politiques uniquement par la doxa stalinienne de « fasciste ». (cf: consignes données par polit buro pendant la-dite époque regrettée) usant d’ailleurs d’un certain comique de répétition. N’hésitant pas à suivre le premier principe totalitaire (tiens tiens…) qu’est la propagande mensongère, en inventant tout simplement les accointances supputées de l’UNI MET avec le Printemps Français. (oui oui, on peut faire les même Manif sans partager les même responsables) Au beau pays du syndicat de putte -lutte- Solidaire Etudiant, partisans de l’écriture automatique, les familles sont automatiquement homophobes, la hiérarchie est fasciste, l’homme blanc est raciste, le chrétien, évidemment islamophobe, le musulman est une victime, la femme mariée est forcément battue (ou névrosée), l’entrepreneur, un sale capitaliste exploitant et juif. (cf: l’antisémitisme patenté des groupuscules anarcho-libertaires d’extrème gôche) . Quel beau projet de société porté par ces femmes à barbe…

    • Joseph Staline-Butler

      Comme l’ont dit mes honorés camarades, infâme koulak Lerebour c’est vous qui vous livrez à la propagande mensongère, notamment en affirmant l’existence de l' »antisémitisme patenté des groupuscules anarcho-libertaires d’extrème gôche ».

      Quant à votre emploi de l’expression « femmes à barbe », elle révèle votre antiféminisme. Voici que des femmes, au coté d’hommes, revendiquent l’égalité et la disparition des stéréotypes de genre. Conséquence, elles en perdent dans votre esprit les attributs physiques de leur sexe. Voilà une sacré confusion entre sexe et genre… et la démonstration de l’utilité de ce dernier concept.

      • Lerebour

        Cher Joseph,

        effectivement, le dernier féminisme que je reconnais d’utilité publique est celui de Simone Veil. Le reste n’est que doux fantasme de lesbos frustrées qui camouflent leur peur de la virilité et du phalus par une idéologie misandre et castratrice.

        Voilà voilà