Exchange students : qu’ont-ils pensé de l’occupation du 27 ?

Une transcription en anglais de cet article est disponible ci-dessous. Nous remercions chaleureusement Camille Maindon pour la traduction, et Geoffrey Elbaz pour la relecture !

You will find the english translation of this article below. Thanks to Camille Maindon for the translation, and to Geoffrey Elbaz for the editing !

La semaine dernière, le symbolique bâtiment du 27 rue Saint-Guillaume a été occupé par un groupe d’une centaine d’étudiants. Ces derniers étaient mobilisés contre une série de réformes du président Emmanuel Macron, et en particulier contre le controversé projet de loi ORE (Orientation et Réussite des Etudiants). Cette mobilisation s’est étendue au 56 rue des Saints-Pères, dont l’accès se fait par le bâtiment du 27, et au 28 rue des Saints-Pères dans la journée de jeudi. Sciences Po Paris a donc rejoint les dizaines d’autres universités et écoles françaises engagées dans ce mouvement, faisant beaucoup parler les médias venus interroger les étudiants français de Sciences Po, qu’ils soient favorables ou opposés à l’occupation. Pourtant, on ne s’est pas demandé ce qu’en pensaient les étudiants étrangers de Sciences Po Paris, alors que ces derniers représentent près de la moitié de la population estudiantine. Voici donc un bref aperçu, qui se veut impartial, des avis de ces derniers.

Une occupation vue comme antidémocratique

Sur les réseaux sociaux, de nombreux étudiants internationaux de Sciences Po expriment leur opinion à propos des événements qui se sont déroulés depuis mardi soir dernier. Un grand nombre d’entre eux contestent le moyen de protestation en lui-même : « Je pense que c’est une bonne chose que les étudiants soient engagés politiquement et qu’ils expriment leurs opinions sur les réformes, mais je ne suis pas certain que [le blocus] soit un moyen approprié », confie Geoffrey, étudiant américain en échange en 3e année. « En effet, je pense que l’université est une bonne plateforme pour exprimer ses inquiétudes sur les changements sociétaux mais la manière avec laquelle ce groupe en marge agit est inacceptable. Je suis déçu de ne pas pouvoir aller en cours et en tant qu’étudiant en échange, ma présence ici est limitée ; je perds de précieux moments que j’aurais pu avoir avec les professeurs, les étudiants et les amis ».

« Bloquer l’accès à l’université, en particulier à la bibliothèque, pénalise surtout les étudiants les plus pauvres alors que les plus riches peuvent étudier chez eux et continuer à progresser. » 

Camilo, étudiant chilien actuellement en programme d’échange à Sciences Po Paris

Geoffrey n’est pas le seul à trouver que l’occupation et le blocus de Sciences Po pénalisent les étudiants. « Ayant participé moi-même à des blocus, je ne suis pas d’accord avec ces étudiants. Bloquer l’accès à l’université, en particulier la bibliothèque, pénalise surtout les étudiants les plus pauvres alors que les plus riches peuvent étudier chez eux et continuer à progresser. », commente Camilo, ancien leader des manifestations lycéennes et étudiantes de 2011 et 2016 au Chili et actuellement en échange à Sciences Po. Selon lui, non seulement les étudiants sont pénalisés, mais cette démarche est antidémocratique et qui ne changera rien.

Affiches exposées dans la bibliothèque du 27, rue Saint-Guillaume. Crédits photo : Pierre-Alexandre Bigel

« [Le blocus] devrait être le dernier ressort et majoritairement accepté. Sinon, c’est juste autoritaire. C’est aussi inefficace sans coordination étendue. Au Chili, le climat politique n’a changé que lorsque littéralement toutes les universités publiques étaient occupées, pas seulement quatre. […] Même si je ne suis pas d’accord avec les politiques de Macron, occuper une école pour cette raison n’est pas démocratique. » 

Des étudiants qui sont aussi favorables au mouvement

De son côté, Melanie, étudiante allemande en première année de Master à l’Ecole d’Affaires publiques, défend un avis plus nuancé, que ce soit sur la méthode de protestation utilisée comme sur les revendications : « Une partie de moi comprend et accepte ce que font les bloqueurs, l’autre trouve ça embêtant d’avoir autant de cours annulés juste avant les examens. Je trouve que certaines politiques proposées par le gouvernement de Macron ne sont pas bénéfiques pour les français et les autres personnes vivant ici. »

Un autre étudiant allemand, Philippe, en 3e année en échange, soutient entièrement cette initiative, même s’il n’y participe pas : « Je comprends absolument l’idée d’un blocus à Sciences Po en solidarité avec les autres universités. Il est logique que ‘l’usine à élites’ devienne un lieu de lutte et le blocage est un moyen très puissant pour protester : les jeunes personnes peuvent difficilement prendre part au processus politique formel, donc ce genre de manifestation est très utile pour faire pression sur les politiciens. » Philippe, ayant fait l’expérience des occupations d’universités à Amsterdam en 2015, suggère qu’il serait intéressant d’inviter des personnalités pour débattre dans « l’Institut Clément Méric », selon ses propres mots (nouveau nom donné par les occupants et bloqueurs pour désigner Sciences Po). Quant à la question démocratique, il répond aux anti-occupation : « La désobéissance civile est une valeur que la société devrait cultiver, surtout dans les temps de crise. Et c’est une valeur très démocratique en son essence. »

« Je comprends absolument l’idée d’un blocus à Sciences Po en solidarité avec les autres universités. Il est logique que ‘l’usine à élites’ devienne un lieu de lutte et le blocage est un moyen très puissant pour protester. » 

Philippe, ancien étudiant à l’université d’Amsterdam et actuellement en échange à Sciences Po Paris

Néanmoins, la moyenne des étudiants étrangers reste critique envers les revendications des étudiants bloqueurs et occupants, comme Melanie : « Je ne suis pas d’accord sur le fait que Sciences Po préfère les étudiants d’origines privilégiées : je suis la première de ma famille à aller à l’université et je reçois une bourse relativement importante qui me permet de couvrir mes dépenses. »

Les revendications à faire valoir chez les exchange students

Pourtant, cette question de bourse ne fait pas l’unanimité. En effet, il a été remarqué que les étudiants américains ne recevaient pas d’aides financières de la part de l’école. Andrew, étudiant américain en master de l’Ecole d’urbanisme, en a fait l’expérience : « Je me sens exploité en tant qu’étudiant international, courtisé pour venir ici. J’ai l’impression que Sciences Po veut se donner l’image d’une école qui veut aider les étudiants internationaux mais ne venant pas d’une famille riche, c’est très difficile de payer les frais de scolarité. J’emprunte tout ce que je paye. Quand je suis allé demander une aide financière, on m’a répondu ‘Eh bien, on suppose que les étudiants américains qui viennent ici ont des revenus et qu’ils n’ont pas de problème’. Ils ne font aucun effort pour nous aider financièrement ou pour le logement. »

« J’emprunte tout ce que je paye. Quand je suis allé demander une aide financière, on m’a répondu ‘Eh bien, on suppose que les étudiants américains qui viennent ici ont des revenus et qu’ils n’ont pas de problème’. »

Andrew, étudiant américain en Master à l’École d’Urbanisme

Andrew va même plus loin, remettant en cause les méthodes de Sciences Po : « Je ne trouve pas ça démocratique que mon programme (Governing the Large Metropolis) nous oblige à travailler gratuitement pour des clients sans nous révéler ce qu’ils ont payé pour nos services et sans respecter le temps de travail limite. »  Ce à quoi Melanie répond : « C’est injuste. Les bourses devraient être données à qui en a besoin, peu importe d’où il ou elle vient. Il est vrai que je ne pense pas que les étudiants internationaux soient vraiment concernés par les réformes de Macron. Cependant, les revendications à propos des méthodes utilisées par Sciences Po concernent tous les étudiants. »

Affiches dans la bibliothèque du 27, rue Saint-Guillaume. Crédits photo : Pierre-Alexandre Bigel

Andrew, habitué à manifester aux Etats-Unis et ayant déjà fait l’expérience de travailler pour les hommes politiques locaux aux Etats-Unis pendant 4 ans, a rejoint le mouvement mardi soir pour différentes raisons et notamment sur la loi ORE : « Je n’apprécie pas la manière dont les Etats-Unis gère les études supérieures, c’est incroyablement biaisé en terme de classes et inaccessible pour des enfants intelligents qui viennent de familles avec peu de revenus comme moi et mes amis. J’admire le système français et je ne veux pas que Macron le supprime : je comprends les réformes comme un moyen de rendre les universités encore plus sélectives, menant la France vers un modèle plus proche de celui des Etats-Unis, ce qui est mauvais. ».

Haro sur la politique libérale du gouvernement

Ce n’est pourtant pas son seul combat. Le semestre dernier, il s’est porté volontaire pour aider les réfugiés à Porte de la Chapelle et a réalisé à quel point ils étaient mal traités et complétement ignorés par l’Etat. C’est donc pour cela qu’il s’oppose à la loi sur l’immigration. Pour lui, toutes ces réformes font partie d’un agenda très similaire à celui des Etats-Unis. Par ailleurs, Andrew défend d’autres revendications en AG, même si elles sont moins mises en avant et donc moins connues des autres étudiants, qu’ils soient bloqueurs ou non, internationaux ou non : il dénonce le modèle d’entreprise de Sciences Po et le coût que les études ici représentent pour les étudiants internationaux.

Une de ses camarades de l’occupation, Lily, étudiante britannique en 3e année en échange, dit s’être impliquée dans cette lutte car elle est anti-capitaliste et en solidarités avec toutes les luttes contre l’influence néolibérale, que ce soit à la fac ou ailleurs. Elle s’est engagée dans ce mouvement depuis le tout début, assistant à toutes les AG et occupant également le bâtiment du 27. « Occuper une fac, je pense que c’est toujours fort en symbolique, en pratique ça dépend. Si on a des demandes concrètes pour l’administration, c’est utile de bloquer et de déranger. Les occupations ouvertes sont cool parce qu’elles nous permettent de créer notre propre espace éducationnel pour toutes et tous. On veut un monde différent, il faut commencer à le créer chez nous. », affirme Lily.  Andrew, sur la question de la méthode utilisée, souligne que si les étudiants en sont venus à occuper le bâtiment, ce n’était pas par choix mais par nécessité : « Je ne pense pas que les étudiants de l’AG préfèrent manger de simples crackers à chaque repas pendant plusieurs jours, dormir quelques heures par nuit sur le sol ou se disputer avec les appariteurs. C’est évidemment le résultat de ne pas se sentir écouté, de ne pas avoir une influence égale sur le pouvoir. Alors, l’action collective est nécessaire pour attirer l’attention. »

« C’est évidemment le résultat de ne pas se sentir écouté, de ne pas avoir une influence égale sur le pouvoir. Alors, l’action collective est nécessaire pour attirer l’attention. »

Face aux remarques des autres étudiants internationaux, Andrew répond que lui aussi paye ses frais de scolarité tout en n’ayant pas cours, mais que garantir des infrastructures politiques progressives et sociales est plus important que manquer quelques cours. Pour Lily, il y a tout de même un soutien relatif envers les bloqueurs de la part des étudiants internationaux puisqu’ils viennent apporter de la nourriture, s’informent, même s’ils sont très peu finalement à prendre part aux AG.

L’opinion des étudiants internationaux de Sciences Po Paris semble être plutôt mitigée, même si dans l’ensemble elle penche plutôt vers une condamnation de ce blocus. On pourra néanmoins en tirer une leçon comme Surman, étudiante chinoise en 3e année en échange : « Alors que je constate l’agonisme dans cette occupation, je fais l’expérience de comment la participation politique fait grandir les gens ».

English translation

What do foreign students at Sciences Po Paris think about the occupation and blockade of their school?

Last week, a group of about one hundred students has occupied our emblematic building at 27 rue Saint-Guillaume to protest against planned reforms by President Emmanuel Macron, including the controversial ORE law (Orientation and Success of Students). This mobilization has been extended last Thursday to the building located at 28 rue des Saints-Pères. Sciences Po Paris thus joined the social movement led by other universities and schools throughout the entire country. This string of protests has obviously caught the attention of the French media, who have carried out several interviews with Sciences Po’s French students to determine their thoughts on the occupation. However, what does Sciences Po’s sizable foreign student body think about the blockade? Here is a short and impartial glimpse into their perspectives.

An occupation considered antidemocratic and disadvantageous to students

On social media, many international students from Sciences Po gave their opinions on the events that started last Tuesday night. A large number of them challenged the blockade’s validity as a productive means of protesting: “I think it’s great that university students are politically active and express their views on these issues, but I’m not sure that it’s appropriate when a majority is against a blockade”, says Geoffrey, a 3rd year American student from UCLA who is on exchange at Sciences Po Paris. “In effect, I believe that universities are great platforms to express concerns about societal changes but the manner in which this fringe group is protesting is unacceptable.  I am disappointed that I can’t attend many of my courses. Moreover, as an exchange student, my time here is rather limited and I’m losing out on precious moments that I’d normally spend interacting with professors, students and friends.”

Affiches dans la bibliothèque du 27, rue Saint-Guillaume. Crédits photo : Pierre-Alexandre Bigel

Geoffrey is not the only student to think that the occupation and the blockade of Sciences Po put students at a disadvantage. “Having participated in blockades myself I don’t agree with these students. Blocking access to the university, particularly the library, hurts poorer students the most, while rich students can just study at home and keep their academic performance going”, commented Camilo, a former leader of high school and college students during the 2011 and 2016 protests in Chile, and currently a 3rd year student on exchange. According to him, students are not only penalized, but this mobilization is antidemocratic and won’t affect politics. “[The blockade] should be a last resort and mostly agreed measure. Otherwise, it is just authoritarian. It is also very ineffective without widespread coordination. In Chile we didn’t achieve a change in the political climate until literally all public universities were occupied, not just four. […] Even if I don’t agree with some of Macron’s policies, occupying a school for this reason doesn’t sound democratic.”

However, numerous international students seem to emphasize with or even support the movement

Melanie is a first-year German master student in the School of Public Affairs who is more moderate in her opinions. She sees the pros and cons of both the methods utilized by the protesters to express their discontent and their numerous grievances: One part of me understands protesters and accepts them, [while] the other part thinks it’s kind of annoying that so many classes are cancelled such a short time before the exams. I think some policies by the Macron government are not beneficial for the French people or others who are living here.”

Another 3rd year German student on exchange, Philippe, lent his entire support to this initiative, even though he didn’t take part in it: “I absolutely understand the idea of a ‘blocus’ of Sciences Po in solidarity with all the other universities on strike. It is logical that the « factory of elites » becomes a site of struggle and this blockade is a very powerful way to protest: young people can hardly ever properly participate in formal political processes, so this kind of protest is very helpful in putting pressure on politicians.” In 2015, Philippe experienced university occupations in Amsterdam that eventually resulted in the protestors inviting Dutch politicians to a debate at their university. He suggested that it could be interesting to similarly invite several politicians for a debate at the French “Institut Clément Méric,” a new name adopted by Philippe and numerous protesters to designate Sciences Po. To respond to the argument that this blockade is undemocratic, he answered: “I think civil disobedience is a value which a society should cultivate, especially in times of crisis. And it is a very democratic value at its core.”

Nonetheless, the average international student is very critical towards the claims of the protesters. Melanie insists: “I don’t agree on the fact that Sciences Po favors students from privileged backgrounds: I am the first one in my family who has attended university and I receive a rather generous scholarship to pay for my living expenses.”

Let’s take a look back at the claims of our diverse group of protesters, including many that remain unclear to our large student body

Financial aid seems to be a major issue. Indeed, it has been noticed that American students can’t receive financial assistance from Sciences Po. Andrew, an American master’s student at the Urban School, experienced this situation: “I feel exploited as an international student, courted to come here. I feel that Sciences Po portrays itself as willing to help international students but as I am not from a wealthy family, it’s a hardship to pay full tuition. I’m borrowing 100% of what I pay. When I went to the student welfare officer to ask for some financial help, they said: ‘Well, we assume Americans that come here are wealthy and wouldn’t have a problem’.  They make no effort to assist us financially or with housing.” Andrew even criticizes Sciences Po’s methods: “I don’t think it’s democratic that my program (Governing the Large Metropolis) provides us as free labor to clients without disclosing what they paid for our services and without honoring the time limits that are supposed to be in place.” Something to which Melanie answers: “It is unfair. Scholarships should be given to students who are in need, no matter where they come from. It is true that I think exchange students shouldn’t be too concerned about Macron’s reforms. However, claims regarding methods used at Sciences Po are matters of concern to all students.”

Andrew used to regularly protest in the US and worked in local politics for four years. He joined the protest movement on Tuesday night for different reasons, including countering the new ORE law: “I resent how the US handles higher education; it is incredibly class-biased and not accessible for many smart kids from low income families like me and my friends. I admire France’s model and I resent that Macron would try to take that away: I understand the reforms as a way to make schools more selective, ultimately leading France to a model closer to the US, which I think is bad.”

A critic of the liberal policy led by the State

It isn’t his unique struggle. Last semester, he volunteered to help refugees at Porte de la Chapelle and realized how harshly they were treated and completely ignored by the State. That’s why he is opposed to the immigration law currently discussed at the National Assembly. According to him, all of these reforms are very similar to the United States’ current agenda. Moreover, Andrew has other claims for the AG (General Assembly), including many that are not widely known by the protestors and international students alike. In particular, Andrew criticizes the business model of Sciences Po and the prohibitive cost faced by many international students in France.

One of his colleagues during the occupation, Lily, a 3rd year British student on exchange, says she got involved in this struggle because she is anti-capitalist and in solidarity with all the struggles against neoliberalism’s influence, whether at the university or in the workplace. She has been involved in this movement since the very beginning; she has attended every general meeting and occupied the 27 building. “Occupying a university, I think it’s always a strong symbol, in practice, it depends. If we have concrete claims for the administration, it is useful to block and to disturb. Open occupations are cool because they allow us for creating our own educational space for everyone,” affirms Lily. Andrew, responding to the questions raised about the methods used to protest, underlines that if students occupied the building, it wasn’t because they wanted to but because they had to do it: “I don’t think any of the AG students would prefer to eat crackers for meals for several days, sleep a few hours a night on a floor, or clash with security guards. Obviously, this is the result of feeling as if you’re not being heard and not having an equal influence on power structures. Then collective action is needed to draw attention.”

Facing remarks from other international students, Andrew responded that he also pays his tuition while currently missing several of his classes, but reaffirms that guaranteeing progressive socialist political structures is more important than perfect attendance. For Lily, there is still relative support from the international students for the protesters because the former came to bring food to the latter and tried to be informed, even though there were few foreign students who took part in general assemblies.

The opinion of international students of Sciences Po Paris seems to be rather lukewarm, even though the majority seems to condemn this blockade. We could still learn lessons from it like Surman did, a 3rd year Chinese student on exchange: “As I see the agonism in the occupation, I experience how political participation makes people grow.”