Il y a 20 ans, quand le Basile avait failli fermer

Photographie : Maximilien Bouchet
Photographie : Amal Ibraymi

Ah le Basile ! Repère d’une ribambelle de générations de sciences pistes depuis son ouverture en 1933, ce lieu est aujourd’hui devenu une institution plus qu’incontournable. Dans son livre La promo, qui retrace les aventures de la promotion 1986, Ariane Chemin y fait d’ailleurs de multiples références. Ainsi, tandis qu’Arnaud Montebourg et Jean-François Copé y exerçaient déjà leurs talents d’orateurs en refaisant le monde autour d’un café, une certaine Virginie Merle alias Frigide Barjot « dansait en soutien-gorge sur les tables »…

Pourtant, le Basile n’est pas intouchable. En 1994, alors que l’ancien propriétaire du café Claude Tranchet souhaite se retirer, les rumeurs d’un éventuel déménagement de Sciences Po font perdre « 25% de la valeur du commerce » indique un article de l’Indépendant, ancêtre de LaPéniche et dont David Colon dirigeait la publication. Alors qu’une possible reprise est envisagée par une maison de couturier, une association, « Les amis du Basile », va même jusqu’à se créer en vue de préparer un possible rachat par la communauté étudiante et d’anciens étudiants . A l’époque, le Basile attire les soutiens de personnalités politiques diverses telles que Jack Lang ou Philippe de Villiers, ce dernier n’hésitant pas à le comparer à la buvette de l’Assemblée Nationale.

Photographie : Maximilien Bouchet
Photographie : Maximilien Bouchet

Il est, selon le journal « l’Indépendant » le  « seul lieu de rencontre à visage humain, il fait en quelque sorte, au même titre que la Péniche, partie du patrimoine culturel des élèves de Sciences Po ». C’est oublier qu’il existait également un autre refuge très apprécié des sciences pistes, une librairie salon de thé transformée par la suite en magasin d’antiquités.

Ce café, « Un moment en plus » avait déjà fermé ses portes en 1994 et l’on craignait alors que le Basile ne subisse le même sort. Peut-être avait-il souffert de la trop grande distance qui le séparait de l’école, à 500mètres, rue de la Chaise. De plus, aller au Basile n’a pas toujours été dénué de sens. En 1986 manger un sandwich au Basile signifiait faire partie des « troupes fabusiennes » alors que les rocardiens se rendaient au Moment, nous apprend Ariane Chemin.

Dans une histoire plus récente, il est l’un des éléments du décor de l’intrigue de « Meurtre à Sciences Po », le livre de Suzanne Azmayesh, signe qu’il fait toujours partie de l’imaginaire des étudiants de Sciences Po, et qu’il ne laisse pas indifférent que l’on soit un client assidu, occasionnel ou réfractaire à l’idée de faire comme tout le monde.

De part sa proximité et son histoire, le Basile demeure inévitablement lié à l’histoire de l’école et à la vie étudiante. Nombreuses sont les associations qui sollicitent d’ailleurs le lieux à l’occasion de soirées : vous avez, par exemple, récemment pu vous y régaler des spécialités régionales défendues par l’association des bretons de Sciences Po. On se rappelle également des afterworks des listes Van7 et Air27 de la campagne BDE de l’année dernière, avec pour objectif d’attirer les votes à coup de pintes et de beer pong.

Photographie : Maximilien Bouchet
Photographie : Maximilien Bouchet

Le Basile fait encore aujourd’hui le bonheur des étudiants, comme l’expliquent deux étudiants de 2A: “les prix restent compétitifs pour le quartier, la pinte en Happy Hour c’est un bon plan!” mais son succès est tel qu’il devient parfois un bémol: c’est toujours bondé donc difficile de trouver une place. En conséquence, et c’est bien connu, le Basile subit encore et toujours la rude concurrence du Bizuth. Ana, étudiante en première année, confie qu’elle y passe de longs moments. Pour elle, et malgré des prix légèrement plus élevés que chez son concurrent, le Bizuth a l’atout de son agréable terrasse.  

Ce ne sont donc pas aujourd’hui les concurrents qui manquent au Basile. Comme l’explique Romain Masson-Dubois, gérant actuel du Basile :  « Si Sciences Po déménageait, le Basile serait fortement touché, comme sûrement d’autres commerces alentours, du aux grand nombre d’étudiants de Sciences Po dans tous le quartier.(…) Je ne crois pas que le Basile soit « intouchable », comme d’ailleurs toute entreprise et quelque soit son activité ».

Si le Basile venait à fermer aaujourd’hui les sciencespistes seraient il prêts à se mobiliser comme ils l’ont fait il y en 1994 ans, lors de l’annonce de la fermeture de l’établissement ? Rien n’est moins sur. D’autant plus que Saint Germain ne manque aujourd’hui plus de petits lieux de prédilection pour nos sciencespistes en errance entre deux cours. Mais envers et contre tout, et comme le précise finalement Ana, le Basile demeure encore pour les générations actuelles un lieu mythique. Et qui le restera, on l’espère !
penichenewsletter

5 Comments

  • korkenschlumpfer

    Le Bizuth est un lieu détestable et hors de prix, réservé aux fraicheurs du quartier…Quant au Basile, il était adapté à un école de 2000 étudiants, mais maintenant c’est devenu la guerre pour une pinte en fin de journée. Dommage que ScPo se trouve dans un quartier de radasses en Smart et de boutiques de luxe.

    • Jack

      L’abbaye, juste en face, rue de grenelle, a fermé en 2010 à cause du voisinage.
      Dommage car la pinte y était moins chère qu’au basile et c’était marrant. Le bail est encore vacant en plus