La Chronique sonore du Mag’ : London Grammar, douce mélancolie.

La grammaire londonienne a de beaux jours devant elle. Portée par un jeune trio fringant, c’est en dix-neuf titres qu’elle se dévoile, dix-neuf titres d’une pop léchée et sereine.

Source : gigslutz
Source : Gigslutz

London Grammar ce sont donc trois Anglais, en provenance de l’université de Nottingham, qui moins d’un an après avoir enregistré leur premier single (Hey Now) s’imposent comme la révélation britannique de 2013. Leur premier disque, If You Wait, est une succession de compositions justes et prudentes, une lente édification qui prend appui sur la voix de leur chanteuse Hannah Reid. Car là réside l’atout principal de la bande : la voix de Reid est aussi capable d’envolées lyriques à la Florence Welch que d’une retenue toute vulnérable rappelant Joni Mitchell.

La tentation est grande de faire de ces trois-là les porte-paroles d’une génération instagrammisée, en perte de repères et de confiance, confrontée à une réalité qui lui est étrangère. Reid avouait elle-même au Guardian : « Tellement de gens autour de moi ne savent pas quoi faire de leurs vies« . Le constat est résigné, et propose en formules aériennes une porte de sortie. Sans jamais tomber dans l’écueil du grandiose à tout prix, le groupe esquisse une syntaxe pleine de sincérité, vibrante sans exagération. Les guitares, lointaines et sobres (dans des sonorités proches de celles de The XX) croisent quelques accords de pianos sur des rythmes tantôt syncopés (Darling Are You Gonna Leave Me, Help Me Lose My Mind – accompagné de Disclosure, When We Were Young) tantôt plus solennels (Strong, Shyer, et une jolie reprise du Nightcall de Kavinsky). Le propos, un brin puéril, n’a d’autre prétention que de traduire les préoccupations de trois jeunes de vingt ans ; si ceux-ci ont choisi un verbe mélancolique et nu, c’est toujours avec élégance qu’ils évoquent leurs angoisses, leurs regrets.

Au final, un résultat très propre, soigné, une copie qui mérite un beau TB à l’encre rouge. On souhaiterait parfois quelques écarts à une ascèse sonore qui s’avère à la longue prévisible. Remercions tout de même London Grammar pour nous avoir fourni avec If You Wait la bande-son de notre automne.

(London Grammar, If You Wait, Metal & Dust Recordings/Because Music)

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