LE MAG – La semaine cinéphile du Mag’ #11

Le Top du Mag’

Dallas Buyers Club, par Jean-Marc Vallée

Source : Allociné
Source : Allociné

L’Amérique des années 80. C’est à cette époque qu’où on découvrait le VIH et son pouvoir de destruction massive, communautés gays et toxicos en première ligne. Ron Woodroof est texan, électricien, et particulièrement féru de nanas, rodéo, came, alcool, sexe, et homophobe comme il faut avec ça. Un accident de travail, il se retrouve à l’hôpital. Là on lui annonce qu’il est porteur du VIH, il lui reste trente jours à vivre. D’abord il n’y croit pas, le sida c’est un truc de « faggots » (pédés), comme il se plaît à le répéter. Et pourtant, rejeté comme un paria, il va se lier avec le travesti qui partage avec lui et sa chambre d’hôpital, et sa certitude d’une mort à court terme. Ils montent leur petit business, vendent aux malades des traitements qui fonctionnent sur eux mais non autorisés aux Etats-Unis. Pour le fric, mais aussi contre le système, contre ces industries pharmaceutiques qui utilisent tous les moyens pour vendre leurs médocs, y compris en profitant de l’état mourant des séropositifs.

On aurait pu tomber dans le mélo trempé sauce hollywoodienne. Ici la caméra reste distante. Certes, un « méchant » devient « gentil » (qui a dit recette américaine ?), mais on passera au-delà, il paraît que c’est une histoire vraie. Il est bon de nous remettre en mémoire quelques réalités aussi, celles d’un système de santé américain défaillant, de lobbies pharmaceutiques (pas seulement américains) agissant pour le profit, et, est-il besoin de le rappeler, que le sida tue. Tout ça reste d’actualité.

Vous avez sûrement retenu avant même d’aller en salle que c’est le film où Matthew McConaughey apparait maigre comme tout, performance que ces vingt kilos en moins. En sortant du film, c’est à peu près sûr que vous retiendrez plutôt que ce Ronnie, c’était un sacré bonhomme quand même. La performance est là. Quant à Jared Leto en travelo, il est exceptionnel. Ces deux-là ont mérité leur Golden Globes.

Cécile Lienhard

  

Le Flop du Mag’

American Bluff, par David O’Russell

Film à foule dont l’unique but est de majorer le box-office sans se risquer au moindre parti pris cinématographique, American Bluff rentre dans la droite lignée de Spring Breakers, The Bling Ring et j’en passe… qui, avec plus ou moins de réussite, de filles en bikinis et autres artifices, se sont essayés à faire un tableau du rêve américain. Dans American Bluff, il s’agit de l’histoire d’un duo d’arnaqueurs amoureux, interprétés par Christian Bale et Amy Adams, contraints de faire équipe avec un agent du FBI, joué par Bradley Cooper dans son rôle habituel. Le tout servi à la sauce seventies américaines, sur un lit de dilemme moral généralisé entre hommes politiques, flics et voyous déchirés entre le Bien et le Mal.

Source : Allociné
Source : Allociné

Basé essentiellement sur l’interaction entre les différents personnages, ce film ininspiré semble complètement calqué sur les meilleurs films de Martin Scorsese jusque dans la mise en scène. La vraie différence entre David O. Russell et Martin Scorsese, c’est que le premier est, comme tous ses personnages, complètement certain de la validité de cette idéologie qui a rythmé une bonne partie du XXème siècle. Ainsi, son film devient son idéologie, une sorte d’éruption incongrue de perruques, de cris et de faux bronzage. Avare dans le développement de ses protagonistes et de son intrigue, Russell semble incapable de garder l’intérêt du spectateur pendant plus de 10 minutes. Ses personnages sont constamment occupés à trainer dans des chambres et à se disputer, sans jamais faire avancer le propos. Le manque total d’action, masqué énergiquement par une bonne dose de musique disco et des effets de caméra, n’est peut-être pas palpable au premier abord, mais il se ressent de plus en plus tout au long du film, jusqu’à un dénouement sans saveur.

Ce déchet cinématographique est nominé pour 10 oscars dont celui du meilleur film. On en serait presque gêné.

Maëva Saint-Albin