Le buddy-program – ou de la difficulté d’intégrer des étudiants étrangers

Outre la prise de résolutions studieuses et l’inéluctable (ou non) retour en Boutmy, ce nouveau semestre de printemps est aussi l’occasion pour notre institution d’accueillir une cohorte d’étudiants internationaux. Et parce que nous savons ô combien l’adaptation au système, à la bureaucratie et au jargon sciencepiste est ardue, le BDE a lancé depuis cinq ans son Buddy Program dont les principaux intéressés ne sont autres que les étudiants en échange. Retour sur un programme administré par notre cher et tendre BDE.

Un programme qui bouge

Walk your Sunday, l'un des événements organisés par le BDE pour accueillir les étudiants étrangers.
Walk your Sunday, l’un des événements organisés par le BDE pour accueillir les étudiants étrangers.

Plus qu’un intitulé insignifiant pour les moins anglophiles d’entre nous, le Buddy Program est un organe géré par le BDE dont la formule pourrait se résumer à « pour un étudiant en échange fraichement arrivé, un buddy sciencepiste offert ». L’idée est, par l’attribution d’un « pote » sciencepiste, d’aider les étudiants en échange à s’intégrer aussi bien à l’univers du 27 qu’à la riche vie parisienne. Et c’est suivant ce concept, coordonné à des événements dont les thèmes ont vocation à intégrer la communauté internationale, que le Buddy Program rayonne. Outre le pique-nique de l’Integration Day qui a rassemblé près de 550 étudiants français et internationaux cette année, les grands moments du semestre dernier se sont organisés autour d’un triptyque bien précis : le « A bar, a day » et sa tournée des bars parisiens, le « Walk your sunday » et sa visite des principaux sites historiques parisiens, et la grande nouveauté, le week-end aux Châteaux de la Loire qui se dotait pour mission principale de prouver que la dolce vita, en France, on connait aussi.

Retour sur la création

Fort de ses 40% d’étudiants étrangers, l’IEP peut se targuer d’une réputation résolument internationale. Mais à l’échelle étudiante, avant 2011, un constat s’imposait à tous : les étudiants internationaux – à leur grand dam comme à celui de leurs homologues sciencespistes – « ne se rencontraient pas » nous explique Mbaye-Yacine, un des coordinateurs du programme. L’ambition était donc d’assimiler une communauté internationale souvent scellée lors du traditionnel Welcome Program. Ce projet, ce sont la DAIE (Direction des Affaires Internationales et des Échanges) et le BDE à travers son Buddy Program, qui en sont à l’origine. Tous deux en étroite collaboration gèrent l’attribution des buddies internationaux, estimés entre 200 et 300 par semestre.

Aider son prochain … et soi-même aussi

Souvent, les motivations oscillent entre altruisme et volonté de préparer le terrain pour sa 3A. C’est ce que traduit en partie le témoignage de Victor : « Ce qui m’a motivé était de faire découvrir ma ville à des étudiants étrangers ». Parallèlement, une étudiante de 1A, comme l’essentiel des participants, a choisit la nationalité de ses buddies selon son projet de 3A :« Mon deuxième choix était l’Argentine car c’est une idée pour ma 3A ».

Et les Internationaux, dans l’histoire ?

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La péniche habillée pour recevoir les étudiants étrangers.

Alors que certains ont été « enthousiasmé par l’idée » comme nous l’a confié une étudiante sénégalaise du programme Europe-Afrique, pour d’autres, l’attribution arbitraire d’un pote peut paraître saugrenue. C’est ce que Inês, une ancienne étudiante internationale passée par le 27 raconte : « Ça me paraissait tellement étrange […] : quelqu’un dont je n’avais jamais entendu parler me contactait et voulait me rencontrer pour aucune raison apparente ». Et cette frilosité, l’étudiante en a d’ailleurs fait l’expérience et explique à propos de sa buddy canadienne : « je ne l’ai jamais rencontrée car elle a repoussé tous nos rdv », tout comme Rémy : « J’ai eu 3 buddies, dont un […] qui ne m’a jamais répondu, que je n’ai jamais rencontré et sur lequel je n’ai aucune info ».

Des demandes pas toujours satisfaites

Ce sont en effet les étudiants de Sciences Po qui font la démarche de parrainer un étudiant et qui en choisissent le profil. À cet effet, un questionnaire leur permet de choisir, entre autres, une information qui a de son importance : la nationalité. Parmi les plus demandées figurent les Américains, les Canadiens tandis que Chinois et Hispanophones, bien que nombreux, sont visiblement moins prisés. Face à ce déséquilibre, il est fréquent que la nationalité du buddy ne corresponde pas à la demande émise. Rémy confie d’ailleurs, après s’être vu attribué deux buddies, un Chinois et une Taiwanaise : « moi-même j’admets que je ne suis pas aussi curieux que s’ils avaient été Australien ou Norvégien». Au delà de ça, pris dans la tourmente du semestre et de son dur labeur, beaucoup ne se voient quasiment plus.

Le Buddy, un référent à SciencesPo 

Mais ce n’est pas pour autant que le Buddy Program ne remplit pas sa fonction première, car comme le relève Rémy à propos des étudiants en échange, « J’ai l’impression qu’ils se sont très bien intégrés avec les autres étudiants étrangers ». Mbaye-Yacine explique que l’enjeu du programme est avant tout d’intégrer les étudiants au système propre à Sciences Po « dans lequel ils arrivent avec beaucoup d’appréhension » et où leur parrain joue le rôle de référent. Ensuite, l’idée principale était qu’étudiants internationaux et pensionnaires se rencontrent, objectif clairement satisfait par le Buddy Program.

Rémy et la jeune étudiante poursuivent ce semestre l’aventure qu’ils ont, à bien des égards, trouvée enrichissante. Mais lorsque l’on demande à Victor de conclure sur son expérience, voilà ce qu’il nous dit : « Il s’agit bien là de ma première fois. On n’oublie pas sa première fois, et je ne le ferai pas. Mais je pense que pour l’instant j’ai eu ma dose. Je vais préférer le repos pour me donner l’énergie et l’envie de le refaire. C’est une expérience excitante, mais dont j’ai vu les limites ».