LE MAG – Le guide du Prix Sciences Po pour l’Art Contemporain

Quel lien entre un étang, une capsule insonorisée et un paravent, hormis celui de faire une belle phrase d’accroche?

Ce sont trois œuvres qui ont la particularité d’intriguer le public, de faire naître une résonance particulière par leur non-conformisme. C’est ici tant la création qui est essentiellement interrogée que sa réception par le public puisque la position prise par l’artiste au regard de son milieu, de son environnement, détermine le rapport de médiation qu’elle exercera avec le public.

Prix

L’art permet ainsi à « quelque chose de très insignifiant de devenir universel » selon Palmyre, co-organisatrice du Prix.

Pour cette étudiante du Master Communication de Sciences Po, qui a toujours été baladée d’expositions en expositions par ses parents, l’étude de l’art habite en grande partie le concret, et c’est ainsi qu’elle nous guide entre les œuvres exposées.

Par logique pragmatique justement, commençons donc par les détails pratiques.
Les œuvres sont exposées jusqu’au 29 avril au 28 rue des Saints Pères et des visites guidées sont organisées par des étudiants de Sciences Po et de l’Ecole du Louvre, comme pour célébrer le double diplôme qui vient d’ouvrir entre les deux écoles. Les horaires sont précisées sur la page Facebook de l’évènement.
Deux prix sont décernés: celui du jury, dont le lauréat recevra 5 000 euros, et celui du public, pour lequel vous pouvez voter avec vos identifiants Sciences Po ici.

Prix SP
Les quatre organisateurs du Prix : Valentin Weber, Palmyre Bétrémieux, Thomas Scaramuzza, Damien Zhang

2015 signe la 6ème édition du Prix, qui s’inscrit dans les « projets collectifs » pouvant être effectués au sein de certains masters de Sciences Po. Il est ainsi organisé par quatre étudiants issus de différents masters, et chacun a des affinités particulières avec le domaine de l’art. Leur ambition est ainsi de rapprocher les étudiants de Sciences Po avec l’art contemporain trop peu présent au sein de l’Ecole. Pour cela, le thème est volontairement ouvert et fait écho à la préoccupation n°1 du sciencepiste (après l’art contemporain donc), l’actualité.

« On a pensé à ce qui se passait à Paris, à Sciences Po en ce moment, au COP 21, mais on voulait traiter de l’environnement dans le sens le plus large possible ».
Les organisateurs ont ainsi choisi d’écrire échosystèmes avec un « h », dans le sens d’interactions. Comment l’œuvre, l’artiste et le public se font écho, quelles sont leurs relations. Comment l’art résonne en quelqu’un, tant du côté du spectateur que de celui de l’artiste.

En témoigne ainsi chacune des œuvres exposées, que Palmyre s’attache ici à nous expliquer :

Bertrand

« La peinture pour la peinture »
Amélie Bertrand réalise d’abord un montage sur Photoshop avant de peindre à la peinture à l’huile. Elle ne souhaite pas raconter d’histoire et s’extrait en ce sens du mouvement conceptuel dominant dans l’art contemporain en travaillant la matière pour la matière.

« Reconnecter la surface du monde avec l’en-dessous »Boudvin
Simon Boudvin a une formation d’architecte et centre son étude sur le bâti, explorant par-là les dessous de notre société. C’est ce qui se rapproche le plus du concept d’écosystèmes au sens d’espaces laissés à l’abandon, oubliés et qui parfois même se sont affaissés, comme les carrières.

« Les mémoires et écho provenant du passé qu’on entend encore aujourd’hui »Dufoiss
Mathieu Dufois travaille sur le temps écoulé et ce qu’il en reste, la mémoire. Il filme des maquettes de manière microscopique pour atteindre un rendu réel, qui donne comme des images d’archives.

« Un paysage lunaire et sonore »Corbasson
Telle les premiers astronomes, Caroline Corbasson axe son travail sur l’espace, le cosmos, en empruntant une perspective de pionnier. Elle brouille ainsi les repères spatio-temporels du public afin de d’étudier la fascination des hommes pour ce qui les dépasse.

« Où est-ce qu’on va et d’où est-ce qu’on vient »Orfila
Manon Orfila construit son œuvre autour de la nature, le sol étant la matière fondamentale à travers laquelle les ondes et les échos se propagent. L’installation in situ interroge le public, et la vidéo associée l’invite à une réflexion sur son environnement spatio-temporel.

«  La circulation et le positionnement »Autre
Chloé Quenum joue avec l’espace pour interpeller le visiteur, qui doit reconsidérer sa position spatiale du fait de ses structures et sculptures qui paraissent comme posées au hasard. La simplicité de ses œuvres rappelle le post-minimalisme et interroge in fine la définition de l’espace en lui-même.

« La poésie de l’absurde » Roquigny
Mathieu Roquigny travaille sur le quotidien et sublime l’absurdité par l’humour. Son œuvre porte un regard enfantin pour questionner notre rapport à ce qui nous entoure, en révélant la beauté des choses les plus anodines.

Rendez-vous au 28 rue des Saints-Pères pour explorer ces œuvres de vous-mêmes, voter pour celle qui vous inspire le plus et recevoir en échange une invitation à la soirée de remise des prix, mercredi 22 avril à 18h30 !