MCM (II) : Compte-rendu de la réunion d’information et réaction d’une étudiante en M1

Comme l’ont appris dernièrement les étudiants de Sciences Po, le master Management de la culture et des médias (MCM) est supprimé. La Péniche fait le point sur la réunion organisée pour les étudiants du master, et propose la réaction d’une étudiante actuellement en première année de master MCM.

Compte-rendu de la réunion d’information

L’administration a donc finalement révélé et à la suite des rumeurs qui enflaient depuis plusieurs semaines déjà parmi les étudiants la suppression définitive du master Management de la culture et des médias. La mention « Audiovisuel et cinéma » sera désormais rattachée à l’école de communication, la mention « Presse et édition » à l’école de journalisme et la mention « Equipements artistiques » au master Affaires Publiques. Cette mesure s’appliquera à partir de l’année prochaine et par conséquent ne concerne pas les élèves suivant actuellement cette formation.

Le problème de la communication entre les élèves et l’administration a été soulevé de nombreuses fois dans cette affaire, les étudiants ayant eu connaissance de ce dossier par des voies plus ou moins officieuses. L’administration a présenté aux élèves comme une preuve de courage l’annonce de la réforme si tôt dans l’année plutôt qu’en catimini à la fin du printemps, afin de permettre la discussion en vue d’éventuels aménagements. On objectera que confronter les élèves à la décision déjà prise fausse légèrement le débat…

D’après Laurent Bigorgne et Jean-Baptiste Nicolas, cette réforme a pour but, avant tout, d’améliorer la visibilité sur Sciences Po Paris, beaucoup moins sur les masters. En effet le master ne reste qu’une mention du diplôme de Sciences Po Paris. Le MCM a un champ trop large et manque de cohérence, il est difficilement saisissable de l’extérieur en raison de identité faible. Ce master se doit d’évoluer, au regard des difficultés d’insertion que rencontrent les diplômés sortant de cette filière. La réalité, comme est venu en témoigner un ancien étudiant, est telle qu’en sortant de ce master les employeurs proposent des stages et non de véritables postes (à ce titre, le surnom « Master Chômage de Masse », inventé par les étudiants eux-mêmes, n’est pas anodin…). Les précédents démontrent, toujours selon l’administration, que la suppression de master ne devrait pas handicaper davantage les étudiants actuellement en M1 ou M2 au moment de leur insertion sur le marché du travail. Cette réforme vise donc à professionnaliser davantage les enseignements auparavant dispensés dans ce master. Cette restructuration est selon les responsables des études et de la scolarité, le reflet de l’évolution de la culture en France, appelée à être à cheval entre fonds publics et capitaux privés puisque les futurs métiers dans ce domaine requièrent des compétences en finance, en marketing et en management.

Alexandre M.

Interview : Marine Vanschoonbeek, M1 Management de la Culture et des Médias

  • LaPéniche.net : Quelles sont tes impressions au sortir de la réunion ?

Marine: J’ai trouvé qu’elle rejoignait assez le mail envoyé aux étudiants de master, assez évasif, sur la suppression du master MCM dans le projet de refonte de l’ensemble des masters. Ma première réaction a été pourquoi la culture en premier ? Je trouve aussi un peu dommage que la question de l’éducation en France et du positionnement de Sciences Po par rapport à celle-ci ne soit pas abordée plus largement. Même si la direction de l’école s’inscrit dans une ligne générale d’enseignement français, Sciences Po est quand même censé valider un certain nombre de connaissances, pas uniquement liées à la demande de l’entreprise. Par rapport à la question de la cohérence des enseignements, je pense que les trois options sont liées ; j’ai eu l’occasion de travailler dans un théâtre, et concrètement on était en lien avec l’édition, avec l’audiovisuel.

  • LaPéniche.net : Quelle aurait alors été le « bon sens » de la réforme ?

Marine: Il aurait peut-être fallu garder les trois options dans un même master, en favorisant la création de nouveaux enseignements, actuellement absents du master. C’est par exemple l’étude de l’émergence des fonds privés et du mécénat, très développée aux USA, dont on a besoin entre autres pour le financement de nos projets collectifs. D’autres cours comme « outils de gestion et marketing » seraient plus adaptés si les cas pratiques se recentraient plus sur la culture.

  • LaPéniche.net : Mais l’intégration des différentes options à des masters assez importants ne pourrait-elle pas agir comme une sorte de « levier » et assurer le maintien et le développement de telles options ?

Marine: J’ai surtout peur qu’elles soient noyées et minoritaires. Je vois difficilement comment dans des masters aussi importants on pourrait décider uniquement pour une trentaine de personnes, et leur faire une maquette pédagogique propre. Les options spécialisées qui pouvaient stimuler le master seront sûrement restreintes. Et par rapport au problème de visibilité du master, c’est un travail qui leur appartenait et qui était à faire avant. Il n’y avait aucune entreprise culturelle au forum des entreprises, ils auraient pu prêter plus attention à la demande de ces entreprises. Et à la journée d’accueil des masters, les informations majoritairement données concernaient les noms d’entreprises qui recrutent le plus, et les salaires moyens… ce qui n’est pas forcément ce que tout le monde recherche.

  • LaPéniche.net : Merci Marine. Un dernier mot ?

Marine: Je ne pense pas que notre diplôme sera dévalorisé, on reste des étudiants de Sciences Po. Mais Sciences Po par contre pourrait perdre beaucoup au niveau des profils des étudiants, car les personnes intéressées par la culture n’iront pas forcément tenter un master communication ou affaires publiques…et beaucoup d’étudiants intéressants et avec une vie associative active dans l’école peuvent s’en détourner.

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