Olivier Duhamel élu nouveau président du conseil d’administration de la FNSP

Olivier Duhamel, agrégé de droit public, chercheur et professeur émérite, a été élu mardi 10 mai 2016 nouveau président du Conseil d’administration de la Fondation Nationale des Sciences Politiques (FNSP), une des deux instances de gouvernance de Sciences Po. Il succède à Jean-Claude Casanova, professeur émérite, qui ne s’est pas représenté après neuf ans à ce poste, et qui a été nommé président d’honneur.

© Sandrine Roudeix/Le Figaro Magazine

Selon Frédéric Mion, qui est directeur de l’IEP de Paris et administrateur de la FNSP, l’élection de M. Duhamel est « une excellente nouvelle pour la FNSP comme pour Sciences Po dans son ensemble. »

« {La FNSP} a la responsabilité des grandes orientations stratégiques et de la gestion administrative et financière de Sciences Po », note le site de Sciences Po.

Depuis la réforme de statuts entrée en vigueur cette année, deux élus étudiants siègent parmi les 25 membres du Conseil d’administration, aux côtés du vice-président du Conseil d’Etat, de nombreux universitaires, et de représentants du personnel et des enseignants. Sont présent également deux représentants de l’Etat qui ne votent pas.

« Avant, on assistait seulement au Conseil d’administration de décembre. Aujourd’hui on a l’occasion de siéger à l’ensemble des Conseils et à tous les points à l’ordre du jour », souligne Josselin Marc, président de l’UNEF Sciences Po, dont sont issus les deux élus étudiants. Le Conseil a siégé de neuf heures du matin à midi mardi.

Les deux étudiants disent être intervenus notamment lors de l’approbation du budget 2015. « On est intervenus pour dire qu’il y avait une augmentation des frais et que le modèle économique [de Sciences Po] reposait de plus en plus sur les étudiants, mais que l’augmentation des fris d’augmentations n’est pas nécessaire »au regard du budget excédentaire pointe du doigt Josselin. « On a pu apporter la représentation des étudiants », affirme Laura Cazalot-Duquesne, trésorière de l’UNEF Sciences Po. Les deux élus se disent étonnés de l’écoute qui a été apporté à leurs positions.

« On n’a pas les mêmes intérêts [que d’autres membres du CA], on est minoritaires (…) mais globalement ça s’est globalement bien passé », juge Laura.

Josselin considère même “assez étonnant” que plusieurs membres du Conseil se sont montrés ouverts aux arguments des étudiants. Laura se rappelle avoir été avertie par plusieurs personnalités extérieures que la présence d’étudiants au Conseil d’administration ne serait pas la bienvenue. Au delà de la simple participation, il est « important qu’on ait accès à des documents, des statistiques, des comptes de la FNSP », juge Laura.

« Ca ne va pas révolutionner le monde, mais sur la forme il y a des avancées, le comportement était respectueux et on peut enfin travailler de façon sérieuse. »

Olivier Duhamel, figure emblématique à Sciences Po

Olivier Duhamel a enseigné pendant plus de 25 ans à Sciences Po, dont il est diplômé en 1972. Il y a notamment, de 1986 à 2010, animé le cours fondamental d’institutions politiques en première année. Il a publié en 2009 « Droit constitutionnel et institutions politiques », un des ouvrages de référence dans le domaine. Lors de son dernier cours, il avait été applaudi en Boutmy par Richard Descoigns.

Olivier Duhamel saura « défendre le socle sur lequel s’est bâti notre école – excellence, pluridisciplinarité et indépendance – et insuffler toute son énergie aux nombreuses réformes que nous conduisons actuellement pour accroître le rayonnement de Sciences Po dans le paysage de l’enseignement supérieur français, européen et mondial », a affirmé Frédéric Mion dans un communiqué.

Candidat unique, il a été élu à l’unanimité avec deux absentions. Pour accéder au poste de président du Conseil d’administration, le candidat doit être “membre fondateur” du Conseil d’administration. Il y en a dix, en plus de 15 élus ou membres de droit.

« Il faut s’arrêter avant de décliner », avait déclaré M. Duhamel à l’Etudiant en 2010. « Je pense avoir atteint ce que je pouvais faire de mieux comme enseignant. Et on a moins de force à 60 ans qu’à 20. D’autant que l’enseignement, c’est la seule de mes activités qui me donne un tel stress : j’arrive toujours à un cours avec le trac et j’en ressors la chemise trempée. »

De 1983 à 1995, il a été conseiller du président du Conseil constitutionnel, puis, en 1992 membre de la « Commission Vedel », un conseil consultatif pour la révision de la Constitution en 1992 et 1993. Il a ensuite été député européen entre 1997 et 2004, ainsi que membre du comité de réflexion et de proposition sur la modernisation et le rééquilibrage des institutions de la Ve République, présidé par Édouard Balladur.

Il est membre du Conseil d’Administration de la FNSP depuis 1995.

Départ de Jean-Claude Casanova

« Premier économiste à accéder à la présidence de la FNSP » selon le site de Sciences Po, en 2007, Jean-Claude Casanova devient président d’honneur de la FNSP.

« {Il} a participé à tous les aspects de la vie de la Fondation et de l’IEP », avait déclaré en 2007 René Rémond, président de la FNSP de 1981 à 2007. En effet, M. Casanova était à la fois élève et enseignant rue Saint Guillaume: diplômé de Sciences Po en 1957, titulaire de trois DES (économie politique, sciences économiques, droit romain et histoire du droit), et docteur et agrégé de sciences économiques. Il a été nommé professeur à l’IEP de Paris en 1969 après y avoir enseigné depuis 1963.

Avec Richard Descoings, Jean-Claude Casanova, admirateur du modèle universtaire américain, était un des architectes principaux de l’ouverture à l’international et de l’autonomie politique et financière grandissante de Sciences Po.

« Il sera un fervent supporter des initiatives visant à accroître l’autonomie de Sciences Po, telles l’augmentation des droits de scolarité, les transformations du statut des enseignants-chercheurs ou la constitution d’un capital », relève Sciences Po dans un portrait qui lui est consacré.

Pour Frédéric Mion, le professeur émérite « a su, pendant neuf ans, préserver l’identité de Sciences Po et son originalité tout en appuyant le développement de nombreuses innovations : ouverture sociale, internationalisation du corps étudiant et enseignant, affirmation de l’autonomie financière, développement de la recherche. »

Jean-Claude Casanova a été condamné en décembre 2015 à 1 500€ d’amende par la Cour de discipline budgétaire et financière (CDBF) de la Cour des Comptes dans « l’affaire Sciences Po«  des salaires Descoings. Malgré des circonstances atténuantes, la CDBF a considéré que le salaire de l’ancien directeur a été validé par une procédure irrégulière, dans laquelle le conseil d’administration n’exerçait pas son rôle. M. Casanova a depuis annoncé contester la décision. Le montant même de la rémunération, considéré par la Cour comme « particulièrement élevé », le dossier soumis à la CDBF ne permettait pas d’établir un avantage injustifié.