« Pour nous, le FN est un allié objectif du système » : rencontre avec Marie Jay, candidate communiste dans le 6e

Marie Jay est étudiante en 1A et originaire de Toulon, dans le Var. Adhérente au Mouvement des Jeunes Communistes Français depuis deux ans déjà, et bien que tout juste débarquée à Paris en septembre, elle se présente sur la liste PS, menée par Romain Lévy, dans le 6ème arrondissement. Dans notre tour sciencepiste des municipales, elle se démarque : se revendiquant marxiste, elle nous donne une vision nouvelle des élections dont le premier tour se déroulera dimanche. En plus d’être notre première candidate pour Paris intramuros, elle est la première jeune femme à répondre à nos questions. Portrait d’une militante.

Marie Jay (à la gauche d’Anne Hidalgo) et l’ensemble de la liste PS du 6e

Parle moi du mouvement dans lequel tu es engagé pour les municipales. En quoi consiste-t-il ? 

Pour commencer, je suis engagée depuis maintenant deux ans aux MJCF (Mouvement des Jeunes Communistes Français), et donc pour les municipales, je suis candidate communiste dans le 6e arrondissement à Paris, pour la liste de la gauche rassemblée avec le PS, Romain Lévy en tête de liste. À Paris en effet, on a une alliance PS-PC, avec donc des listes communes. On a fait alliance sur le programme, car on a jugé que le bilan de Paris était un bilan de gauche, notamment avec des politiques comme celles de logements sociaux, et donc on a réussi à s’entendre. Mais, en même temps, on mène en parallèle notre propre programme dont le mot d’ordre est un Paris accessible à tous : on prône un Paris moins cher, qui ne soit pas une ville musée. Le but de l’alliance est aussi de tirer le PS vers la gauche.

Où te situes-tu dans la liste ?

Je suis sixième. Mais le 6e étant un arrondissement très à droite, il y a peu de chances que l’on passe, et on espère que les trois-quatre premiers de la liste siégeront au conseil municipal d’arrondissement. Le PC a en effet mis beaucoup de jeunes sur les listes, et je ne suis d’ailleurs pas la seule à Paris. J’ai notamment deux camarades dans le 17e qui sont en bonne place pour être élus.

Tu n’es à Paris que depuis septembre. Comment t’es tu retrouvée embarquée dans l’aventure des municipales en si peu de temps ?

Je suis très active au niveau du MJCF et donc j’ai été remarquée par ma secrétaire fédérale. Il manquait une femme dans le 6ème arrondissement, elle m’a proposé et j’ai accepté.

Au niveau de ton engagement, tu es en 1A et en plus tu découvres Paris, comment arrives-tu à tout concilier ?

Mon engagement me prend le plus clair de mon temps. Malheureusement, je n’ai pas trop le temps de profiter de Sciences Po, des soirées tout ça… En fait au MJCF et au PC on est très présents sur le terrain, on est pas seulement là pour les élections et donc c’est très prenant : tous les weekends, période d’élection ou non, on fait les marchés, du porte-à porte, des collages, des manifestations… Donc oui ça prend du temps. Mais pour l’instant, j’ai validé toutes mes matières au premier semestre donc je m’en sors plutôt bien !

Pour continuer notre petit tour de l’engagement à Sciences Po, pourquoi selon toi doit-on s’engager lorsqu’on est jeune ?

marie jayJ’entends beaucoup de jeunes, et de moins jeunes, qui critiquent, ce gouvernement, l’ancien gouvernement ; on entend beaucoup que les politiques sont tous pourris, qu’il n’y a pas d’espoir, etc… Moi je pense que c’est faux, et que c’est aussi une stratégie des classes dominantes de nous faire croire que ce système a toujours existé, que le capitalisme a toujours existé, que la politique n’a jamais changé… Mais ce n’est pas vrai de dire que rien ne peut pas changer et que tout a toujours existé, puisque historiquement il est facile de prouver que tout ça est faux. C’est important de s’engager pour essayer de faire changer les choses, de faire changer le système. C’est aussi important pour soi-même, pour gagner des droits, et en tant que femme d’autant plus, quand on voit par exemple ce qui se passe en Espagne sur l’avortement… Si l’on ne s’engage pas, alors on verra une régression de nos droits. En tant que jeunes, c’est à nous de nous imposer car ce ne sont pas les politiques qui vont venir nous tendre les bras. C’est à nous de nous faire notre place.

Féministe donc ?

Oui, au PC on se considère comme tel. Marx disait « La femme est le prolétaire de l’homme », et il s’avère que ce sont toujours les femmes qui subissent les temps partiels, les inégalités salariales… Les femmes sont encore plus victimes des politiques d’austérité et enclines à la précarité.

Tu te revendiques marxiste ?

Oui, mais ce n’est pas si rare que ça. Le MJCF est le premier mouvement politique de jeunesse, on a environ 15 000 adhérents, au MJS par exemple ils sont à un peu plus de 7000. Au niveau de la jeunesse, on a une très bonne portée, on est très implantés dans toutes les villes de France et il y a de plus en plus de gens qui nous rejoignent. On en parle pas dans les médias, mais on est très nombreux.

Ne penses tu pas que le refus de considérer le FN comme une véritable force politique ne lui procure finalement pas plus de notoriété ?

Je ne pense pas que ce soit la lutte contre le FN qui soit un problème, mais le traitement médiatique derrière. On montre seulement le fait que des communistes ou que l’UNEF luttent contre le FN, mais on ne fait jamais référence à l’argumentaire que l’on tient. Nous on lutte contre eux, car, même s’ils se revendiquent anti-système, ils ne le sont pas. Au contraire, c’est un parti ancré dans le système, qui prend pleinement sa place dans le capitalisme, qui au niveau des femmes , des immigrés, a des idées très réactionnaires. Nous on considère que tous les gens qui sont touchés par la précarité doivent s’unir et non se battre les uns contre les autres. Parce que en se battant les uns contre les autres, on permet à la classe dominante de nous éliminer entre nous et d’avoir une plus grande domination sur nous. Il faut que l’on arrive à s’unir et c’est pour ça que l’on combat le FN : pour nous, le FN est un allié objectif du système. C’est aussi un parti qui n’est pas comme les autres et c’est pour ça qu’on lutte…à cause de son histoire et de ses membres, issus de groupuscules néofacistes et néonazis qui pratiquent les agressions politiques.

Que faut-il selon toi pour Paris ?

Je viens d’une ville très à droite, Toulon, dans le Var, où c’est vraiment horrible : tout est cher, les transports, les logements, rien n’est fait pour les jeunes, ni pour les précaires. Du coup en arrivant à Paris, j’ai été agréablement surprise, et je trouve que l’on voit vraiment l’effet d’une politique municipale de gauche : il y a des logements sociaux, des initiatives pour les jeunes, des associations, un accès à la culture très facilité… Finalement, mon projet se serait d’aller beaucoup plus loin dans cette direction, mais sans renier le bilan d’aujourd’hui.

Le mot de la fin ?

C’est vraiment important que tout le monde aille voter dimanche, même si vous n’êtes malheureusement pas tous inscrits à Paris, mais il faut se mobiliser, car si l’on veut que la gauche passe, et que l’abstention ne fasse pas le jeu de la droite et du FN, la seule solution est le vote !

2 Comments

  • NicolasP

    Cette jeune fille finira peut-être par comprendre que « capitalisme » et « Réaction » sont ontologiquement antagonistes. Michéa pourrait l’aider.
    En l’attendant, elle demeurera une caricature de gauche : se croyant adversaire farouche du libéralisme, mais combattant pour son règne sur tous les fronts « sociétaux ».

  • BescherelleFighter

    « JE NE PENSE PAS QUE SE SOIT » « JE NE PENSE PAS QUE SE SOIT » »JE NE PENSE PAS QUE SE SOIT » »JE NE PENSE PAS QUE SE SOIT » »JE NE PENSE PAS QUE SE SOIT » »JE NE PENSE PAS QUE SE SOIT » »JE NE PENSE PAS QUE SE SOIT » »JE NE PENSE PAS QUE SE SOIT » »JE NE PENSE PAS QUE SE SOIT » »JE NE PENSE PAS QUE SE SOIT » »JE NE PENSE PAS QUE SE SOIT » »JE NE PENSE PAS QUE SE SOIT » »JE NE PENSE PAS QUE SE SOIT » »JE NE PENSE PAS QUE SE SOIT » »JE NE PENSE PAS QUE SE SOIT » »JE NE PENSE PAS QUE SE SOIT »