Le flambant retour du Prix Philippe Seguin

Comme le veut la tradition, Sciences Polémiques en partenariat avec le Bureau des Elèves est de retour pour sa 8ème édition du Prix Philippe Séguin d’art oratoire. Cet événement, au cœur de la vie étudiante de Sciences Po, revient en grandes pompes cette année. Après avoir rassemblé 258 élèves en lice et des centaines d’autres présents en spectateurs lors des deux semaines de sélections, le « PPS »  – pour les intimes -,  verra s’affronter six candidats mercredi soir pour la finale en Boutmy. Un jury prestigieux, des candidats survoltés, tous les éléments sont rassemblés pour faire vivre et acclamer le beau verbe. La Péniche revient sur cet événement et présente ses six finalistes.

Fatoumata Diallo, l’explosive jeune première

Son sujet de finale : « Serait-il à propos, et de la bienséance, de dire à mille gens tout ce que d’eux, on pense ? » Le Misanthrope, Acte I, Scène 1, Molière

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Cadette de la compétition, Fatoumata, étudiante en première année ne compte pas se laisser faire. Férue de théâtre, de chant et de danse, elle met l’interprétation au cœur de ses discours. Encore surprise d’être arrivée à ce niveau de la compétition, elle le rappelle: « pour moi c’est plutôt un grand jeu avec des grandes étapes où le plus important reste de faire un discours qui nous ressemble, où on reste soi-même »Elle compte sur sa personnalité et sur son humour décapant pour faire la différence mercredi soir, même si elle affirme modestement « je ne suis jamais confiante sur mes discours ».  Raphaël Charpentier, lauréat du Prix Philippe Séguin et jury en demi-finale salue son originalité : « Elle a fait pleurer de rire la salle en sélections et fait sensation en demi-finale. Elle a un style tout à fait unique mélangé d’un phrasé inimitable et d’un humour politique en général réussi ». Guillaume Courvoisier, également membre du jury en demi-finale le rappelle : « elle s’engage à fond dans ses discours, et varie réellement le ton ce qui rend ses discours toujours intéressants pour le public. Avec elle, on est sûr que personne ne va s’endormir ! ». Tous deux lui conseillent de maintenir un fil rouge au long de son discours pour la mener vers la victoire.

Gabriel Calvet, from Régie to Boutmy

Son sujet de finale : « C’est drôle d’être libre, ça donne le vertige » Les mains sales, Premier Tableau, Scène 1, Sartre

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Etudiant en deuxième année en double-diplôme Lettres avec La Sorbonne, Gabriel, vice-champion de France de bridge en 5ème espère ne pas avoir perdu la main et jouer les bonnes cartes pour la finale. Habitué des événements de Sciences Polémiques depuis sa première année, Raphaël Charpentier l’affirme « cela fait plaisir de le voir enfin se révéler : il a été remarquable en sélection comme en demi ». L’intéressé prend énormément de plaisir dans cette compétition où l’important, dans sa vision de l’humour, est de divertir et faire passer aux gens un bon moment, autant dans ce qu’il fait et ce qu’il vit. Lui qui l’an dernier était en régie et avait « l’immense privilège de manipuler le powerpoint des finalistes de l’an dernier », prend aujourd’hui beaucoup de plaisir à faire ses discours, véritable nouvelle aventure où, à chaque fois il part de zéro et exerce un travail de longue haleine : « je ressors souvent exténué de mes discours mais toujours extrêmement heureux ». Vis-à-vis de son sujet de finale, l’étudiant d’origine marseillaise le rappelle « dans le classico OM/PSG comme dans le classico Camus/Sartre je ne choisis jamais ceux qui viennent de Paris… », malgré tout, il salue ce sujet riche en images évocatrices où il pourra beaucoup s’amuser. Brillant dans sa répartie, Guillaume Courvoisier salue sa pertinence dans le jeu des questions, là où certains font défaut. Le président de l’association applaudit ses discours « drôles et bien construits » et les deux membres de Sciences Polémiques espèrent voir un discours hors des sentiers battus en finale.

 

Clément Gandibleux, le grandiloquent nouveau venu

 Son sujet pour la finale : « Les coupables, il vaut mieux les choisir que les chercher » Topaze, Acte I, scène 5, Pagnol

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Cet étudiant de Master 2 en Droit Economique mention « Entreprises, Marchés, Régulations », un sujet prégnant dans son discours de demi-finale, s’affirme comme véritable outsider de la compétition. Il l’affirme lui-même : il n’a pas beaucoup participé aux événements de la vie associative de Sciences Po, si ce n’est sa participation à l’organisation de la première édition du concours de plaidoirie de l’Ecole de Droit (« la Comparution »). C’est peut-être lors de cet événement qu’il a développé cette appétence pour la compétition en art oratoire, n’étant présent qu’à un seul événement de Sciences Polémiques, au débat de rentrée. Or, que ce soit par son humour empli d’autodérision et son fervent public déployant des affiches « Yes We Gan-Dibleux », l’étudiant en M2 a su s’hisser jusqu’en finale, alors qu’il s’agit de sa première participation au concours. Clément est satisfait de son sujet de finale qui « permet de dire beaucoup de choses et d’adopter une position un peu ridicule ». Bien qu’il ait un peu du mal à saisir ses points forts, Guillaume et Raphaël sont unanimes : il s’agit de la « révélation des sélections » selon Guillaume et Raphaël apprécie ses discours « très drôles et plein d’autodérision » comme celui de la demi-finale. Les deux patriarches de Sciences Polémiques espèrent non seulement que son public soit encore une fois au rendez-vous, mais qu’il parvienne également à se démarquer au maximum lors du discours et des questions.

 

Adrien Berquez, l’ambitieux OVNI

Son sujet pour la finale : « Il y a des choses qui viennent à l’esprit même de ceux qui n’en ont pas. » Rhinocéros, Acte I, Ionesco

PPS Adrien

C’est ainsi qu’Adrien se présente : « 19 ans, toutes ses dents, sait compter deux par deux et lasser ses chaussures ». On le sent dès le début, Adrien est là pour blaguer. En deuxième année en bi-cursus en Histoire à La Sorbonne, cet étudiant a fait preuve d’immenses prouesses pour accéder aux portes de la finale. Présent dans la liste complémentaire l’année dernière, il a suivi assidument les événements de Sciences Polémiques où il a pu « travailler toutes les facettes de son discours ». S’il avait un discours à retenir, ça serait celui de la demi-finale : « c’était le premier discours devant ma mère… ». Fier de ses réponses aux sélections et de son discours en demi-finale :  l’étudiant sait qu’il devra concilier les deux pour cette finale endiablée. Ses discours rocambolesques ont su marquer notre jury selon Guillaume Courvoisier : « Adrien vit sur la planète Mars » et pour Raphaël Charpentier il s’agirait d’un « OVNI… La diction est très rapide et les idées s’enchaînent sans qu’on sache vraiment ce qui les lient. Et pourtant, à la fin on se dit : « mais c’est tout à fait dingue ce qui vient de se passer ! » ». Adrien, passionné d’athlétisme, malgré une certaine appréhension face à son sujet et à son passage (en dernier) sait qu’il pourra compter sur son équipe et son public pour le soutenir : « ce sport, ça me donne une mentalité de winner, je vois le prix Philippe Séguin comme un Championnat de France où le temps que l’on met pour arriver n’est pas le plus important ». Il veut miser à tout prix sur un discours original comme son sujet avec comme mot d’ordre « rester soi-même ». Raphaël Charpentier espère une chose : «que le jury rentre dans son jeu ».

Nicolas Sironneau, le fin orateur

Son sujet pour la finale : « Qui est là ? » Hamlet, Acte I, scène 1, Shakespeare

PPS Nicolas

Ce M1 en Finance et Stratégie sort clairement de l’ordinaire. Nicolas ne fréquente plus les événements Sciences Polémiques par manque de temps, mais se rappelle chaleureusement de son activité intense au sein de l’association en deuxième année. Avec beaucoup d’humour, il regarde avec nostalgie ses sélections perpétuelles en première année et en deuxième année en demi-finale, sans succès. « Enfin une finale ! Et c’est mérité ! » s’exclame Raphaël Charpentier. Jamais deux sans trois, Nicolas est particulièrement motivé pour cette finale où « la compétition est très homogène » et s’estime chanceux de pouvoir concourir avec les autres candidats « tous très doués avec des styles différents et humainement des gens tops ». Son sujet lui remémore, de manière amusante, ses comédies musicales lors de sa 3A dans son université d’échange où il chantait déjà du Shakespeare avec Roméo Et Juliette. Son sujet, cette année, très ouvert, est à la fois particulièrement excitant par sa liberté « qui donne presque le vertige », selon le concerné.  Mais le candidat n’a pas à s’en faire :  les deux jurés sont unanimes, la force de Nicolas réside en sa parole, sans prise de note. Selon Raphaël Charpentier, « il parle remarquablement bien. L’écouter, c’est reposant, les phrases s’enchaînent bien, il n’y a pas de trou, pas d’hésitation », Guillaume Courvoisier souligne « la victoire d’un acharné : il parle sans note de manière très fluide et sort 300 jeux de mots à la minute ». Ainsi, Nicolas peut compter sur certains de ses talents, le jury de demi-finale espère cependant qu’il essayera de « faire plus simple » et de « ne pas tomber dans la caricature » en essayant de se « libérer ».

Benjamin Duhamel, de l’intervieweur à l’interviewé

Son sujet pour la finale : « Je me presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer » Le Barbier de Séville, Acte I, Scène 2, Beaumarchais

PPS Benjamin

Cet étudiant en cinquième année en Master Affaire Publiques (Politique Publique) a une expérience exceptionnelle. Ancien président de Sciences Po TV et aujourd’hui intervenant de la partie politique du Grand Oral, il se définit comme « sorte de compagnon de route de Sciences Polémiques » : avec une absence de résultat en première année, un accès à la liste complémentaire en deuxième année, une demi-finale en 4A, cette finale en 5ème année se veut comme l’achèvement d’une grande ascension. Cette année, ce qui a su faire la différence, c’est sûrement sa maturité : « quand on écrit tu t’inspires de ce que tu faisais avant, tu relis, tu ne reprends pas les conneries que tu faisais… tu gagnes une forme d’expérience ».  Benjamin a réellement son propre style : une base solide emplie d’un ton mordant comme soulève Raphaël Charpentier : « la structure du discours est assez classique mais l’humour qu’il y déploie est souvent plus noir et provocateur s’il y va à fond, il peut obtenir un gros succès en salle ! ». Guillaume Courvoisier rappelle l’un des points forts de Benjamin : sa gestion du stress « il bénéficie d’une solide expérience en passant cinq années dans l’école à interviewer toute la classe politique ». Benjamin reconnait certes « son vieil âge », mais il maintient que même s’il connait Boutmy, il n’en reste pas moins que l’exercice est totalement différent. « Quand tu interviewes quelqu’un, tu n’es pas l’objet central de l’attention, alors qu’un discours c’est une forme de mise à nu totale : la peur de l’échec tout comme la sensation d’euphorie, tout cela est décuplé ». Même si on peut trouver des points communs, Benjamin le maintient : « toucher la corde sensible des gens ce n’est pas du tout la même chose que d’informer ». En ce qui concerne son sujet, Benjamin a la sensation d’être bien tombé, lui qui aime développer une argumentation cohérente et « faire rire, réfléchir, toucher les gens ». Son credo : continuer à faire ce qu’il faisait d’habitude, avec ses camarades de Sciences Polémiques qui espèrent qu’il « osera poursuivre à fond pour la finale »

 

PPS couv

Le PPS avec ses centaines de spectateurs, ses milliers de vue sur Youtube et en live est sûrement l’un des plus grands concours d’éloquence étudiant. Guillaume Courvoisier, Président de Sciences Polémiques se félicite de « l’engouement vraiment historique pour le Prix cette année » faisant encore plus honneur aux arts oratoires et à Philippe Séguin, homme politique du XXème siècle brillant par son éloquence, comme le rappelait déjà Bertrand Perrier. Malgré tout, le président de l’association déplore d’une part le surdosage des blagues politiques auprès des candidats, qui ne savent faire mouche que très rarement, mais surtout la faible représentation des filles avec « seulement un tiers de candidates sur la ligne de départ ».

Néanmoins, cette finale avec ces six candidats risque d’être encore une fois remarquable avec son jury de marque, notamment Jean-Pierre Raffarin, Anne Roumanoff, Me Patrice Spinosi ou encore Alessandra Sublet, avec la reprise attendue de Bertrand Périer. En somme, un événement de qualité vous attend !