Rasmus Michau

Rasmus Michau
À l’origine des fameuses soirées Bagatelle et de l’ouverture du Renard, club-restaurant huppé qui redonne un peu de chic au concept « karaoké », Rasmus Michau s’est parfois vu attribuer le nom de roi de la nuit parisienne. Sans doute à juste titre ! En effet, il est également le créateur d’une tequila, la Blitz, inspirée d’une recette qui ennivrait le tout Berlin des années vingt et servie au Blitz Tequila Bar. Rasmus Michau a également créé sa propre agence de consulting, « Hmm », au service de marques de luxe, ainsi que « BonjourBonjour », une application novatrice. Mais c’est surtout de son parcours, depuis Sciences Po jusqu’au monde de la nuit, qu’il va nous parler dans cette l’interview accordée à LaPéniche.

Vous avez fini votre master « ECO-FI » en 1997, ce qui semble bien éloigné de la carrière que vous avez construite par la suite : vous destiniez vous pourtant déjà au monde de la nuit ?

J’ai toujours aimé la fête. D’ailleurs, au BDE j’étais déjà responsable soirées en deuxième année. Jusqu’à l’âge de 30 ans j’ai fait des choix de carrière raisonnable entre des débuts comme consultant chez Booz, un MBA à l’INSEAD, suivi par du marketing chez l’Oreal. A ce moment-là je me suis dit, comme d’autres pourraient le faire pour la photo ou l’écriture, que ce que j’avais vraiment envie de faire, c’était d’organiser des belles fêtes. Chose que je faisais à titre d’amateur depuis un petit moment déjà. En plus de ca, j’ai aussi laissé nombre de notes salées dans beaucoup de boites de nuit… Avant de me lancer, j’ai bien étudié l’histoire.

Quel parcours auriez vous envisagé si vous n’aviez pas monté votre propre entreprise ?

Plus jeune, je rêvais d’organismes internationaux comme l’ONU ou la Banque Mondiale. Plus tard, la finance et finalement, au sortir de l’INSEAD, plus la communication et le marketing qui sont des disciplines qui me correspondent davantage. Si je ne m’étais pas si mal entendu avec ma hiérarchie chez l’Oréal j’y aurai peut-être fait un bout de chemin en évoluant dans le marketing ou en agence de publicité. J’ai toujours été passionné par les marques et la vie qu’on pouvait leur insuffler avec des stratégies marketing bien réfléchies. D’ailleurs, c’est ce que je fais avec mes histoires de nuit et ce que je souhaite faire avec BonjourBonjour, ma nouvelle application de rencontres géolocalisées sur Smartphone.

Quels souvenirs gardez vous de votre scolarité à Sciences Po ?

Des moments studieux, surtout en AP où je pense ne jamais avoir autant travaillé de ma vie. Puis de très bons moments de vie étudiante à boire des coups au Basile, à déjeuner avec les copains tous les samedi à La Palette ou à organiser des fêtes au Folie’s Pigalle ou aux Bains Douches pour le BDE… Je me rappelle aussi de l’occupation qu’on avait fait de Boutmy pendant 24h pour protester contre la suppression des bourses étudiantes. On avait bien rigolé en buvant des bières devant les appariteurs abasourdis.

Les soirées de l’Institut Bonheur semblent à l’opposé du crédo étudiant : plus chic, plus huppées, plus sélect… Était-ce déjà votre vision de la fête quand vous étiez étudiant ?

Et pourtant j’en ai beaucoup des étudiants à mes fêtes! Effectivement, avec l’expérience et l’age, les envies et la conception d’une belle fête évoluent. A l’Institut Bonheur, on aime s’entourer de gens qui nous amusent, nous plaisent ou nous intéressent. C’est un savant mélange qui permet de créer une vraie énergie et un moment d’échange pour lesquels les gens ont envie de venir et de revenir. Etudiants ou pas, effectivement il faut correspondre à la ligne éditoriale de nos physionomistes draconiens. Trop d’étudiants et on nous accuse d’être trop jeune. Trop de mecs et ca fait troisième mi-temps. Trop de cadres dynamiques en veste-chemise et ca fait BCBG. Trop de branchés et ca fait prétentieux…Une belle fête c’est une beau mélange de tout ca. Un moment où tout le monde y trouve son compte, où tout le monde s’amuse et où tout le monde ressort en ayant fait de belles rencontres.  Select certainement pour ces raisons-là. Plus chic ou plus huppées je ne sais pas. Les gens à nos fêtes ont des choses à dire, les filles et les garçons sont plutôt jolis. Si ce n’étais pas le cas, nos fêtes feraient moins parler d’elles…

Un organisateur de soirées branchées m’a un jour confié que « ceux qui réussissent vraiment dans le milieu sortent tous des grandes écoles : Sciences Po, HEC…etc », qu’en pensez vous ?

Dans tous les métiers, pour réussir, il faut avoir une bonne intuition, de la rigueur et de la persévérance. Ce sont effectivement des choses qui s’apprennent dans les grandes écoles, mais pas seulement… André, Lionel ou Jean-Roch ne sortent pas de grandes écoles si je ne m’abuse.

En quoi la formation de Sciences Po vous a-t-elle aidée dans votre projet professionnel ? Est-ce vraiment la clé du succès ou avez vous un secret ?

Mais si je bénéficie d’une petite notoriété, je ne considère pas avoir tant de succès que ca! Il m’arrive parfois d’être à découvert et j’ai des galères comme tout le monde. Je vends de l’alcool en faisant danser des gens. J’y arrive plutôt bien et ca fait rêver certains, mais je ne sais pas si on peut considérer ca comme un succès… Par contre, le fameux esprit de synthèse de Sciences Po est utile tous les jours. J’y vois plus clair alors que certains peuvent se laisser aller par des problèmes qui leur semblent insurmontables. La culture générale que j’y ai acquise me permet de cotoyer et de convaincre des gens de tous les milieux, ce qui est très utile dans le métier que je fais.

L’idée de la plus grande chaîne de French Kiss au monde en 2008 a été un grand coup de pub pour l’Institut Bonheur, comment l’idée vous est-elle venue ?

A une soirée un peu coquine…

Quelle est selon vous votre plus grande réussite ? Le Renard ? Les soirées à Bagatelle ? La Blitz ?

Bagatelle a été un tremplin fantastique qui m’a permis de faire beaucoup de choses. Je ne l’ai pas fait tout seul, mais avec plusieurs associés et une belle équipe. Ceci dit, Bagatelle m’a permis de réaliser un certain nombre de projets, donc quelle que soit la suite et les succès de ces projets, j’imagine qu’on peut qualifier Bagatelle comme ma plus grande réussite.

Mis à part les lieux que vous avez investis pour vos évènements, quels lieux de la vie parisienne nocturne conseilleriez vous ?

L’été, j’aime beaucoup trainer en terrasse de café l’été à La Palette ou au café Charlot (même propriétaire comme par hasard). J’aime beaucoup les bars comme le Prescription ou la Candelaria. La nuit je reste un inconditionnel du Baron, mais ai fait des infidélités avec le Raspoutine dernièrement. J’aime aussi le Social Club, le plus beau club de Paris qui a encore besoin d’un peu de patine…

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