Semaine Coups de Coeur (4/9) : Action pour Anka

33450_1577710396903_1059913411_1619933_2674264_n.jpg«Action pour… quoi?», «Action pour Anka», Anka pour Ankadibé, petit village de Madagascar, ancienne colonie française de l’Océan Indien et un des 5 pays les plus pauvres au monde, il souffre d’une grande instabilité politique, d’un manque d’infrastructures, et d’un niveau d’hygiène alarmant. Perdu dans la brousse à 40 km de la capitale Antananarivo, Ankadibé se trouve sur une colline dans une région très vallonnée, accessible uniquement par une piste en 2 à 3 heures de routes selon la saison et les voitures. A l’origine le village est peuplé d’environ 450 habitants, de modestes agriculteurs et éleveurs de Zébus, soit en tout une cinquantaine de familles de plus de 4 enfants, avec une moyenne d’âge se rapprochant des 16 ans. en_classe.JPGIl comporte une soixantaine d’habitations, sans eau courante ni électricité (la norme malgache), une petite épicerie, et une école primaire de 150 élèves qui ne poursuivront pas leur études pour la plupart, sous la direction d’un seul enseignant. La corvée d’eau incombe aux femmes et aux enfants, et équivaut à plusieurs kilomètres de marche en portant de lourdes cruches, les empêchant d’aller à l’école. Un centre médical très rudimentaire est situé à 5 km du village; les femmes au terme de leur grossesse doivent anticiper l’accouchement et partir très tôt sous peine de devoir accoucher au bord de la route sans aucune assistance. A la saison des pluies les routes sont inondées et le village est coupé du reste du monde.

65592_1577707036819_1059913411_1619925_4471634_n.jpgC’est dans ce contexte que naît l’Association Pour Ankadibé, créée par Fara Orillard, originaire du village et vivant actuellement à Nantes, avec son frère qui est resté sur place et s’occupe de la coordination et de l’évaluation des besoins. L’association a pour but d’aider le développement social, culturel et économique du village et de ses environs par de nombreux projets. «Action Pour Anka», est la nouvelle antenne parisienne de cette association, une autre existant déjà à Lille. Ces deux antennes sont uniquement d’initiative étudiante, fonctionnent en auto-gestion totale, et sont en constantes communication avec l’association mère et avec le frère de Fara sur place. «Action Pour Anka» ne comporte que trois membres pour le moment (Camille Ernie, Florianne Delobel et Athénaïs Delacour, trois copines de conf’ qui se sont rencontrées en première année et qui sont à présent en Master) et elle en est encore à ses balbutiements: les procédures administratives de reconnaissance en tant qu’association Loi 1901 sont en cours et parallèlement à ça les élections associatives à Sciences Po s’annoncent difficiles. L’antenne parisienne part donc de rien et tout reste à faire, mais se base sur l’expérience non négligeable et l’étroite collaboration avec l’antenne Lilloise, qui existe depuis deux ans et qui s’en sort plutôt bien.

distribution_repas.jpgConcrètement, a déjà été réalisé sur place:

  • La création d’une bibliothèque, avec des ouvrages en français (rappelons que Madagascar est francophone) et en malgache, dont certains coûtent cher puisque les tirages malgaches se font en très peu d’exemplaires.
  • La création d’un atelier de coupe et de couture grâce au don d’une machine à coudre Singer, qui a permis la confection de vêtements et notamment de blouses pour les 150 petits écoliers.
  • Un voyage à la mer pour les enfants, qui malgré leur insularité n’avaient jamais vu l’océan, jamais pris le bus et n’étaient jamais sortis bien loin de leur village.
  • L’apport ponctuel de médicaments, de jouets, d’habits et d’échange culturel.
  • Plus important, la construction d’une cantine scolaire autogérée par des parents du village et alimentée par des fonds récoltés par l’association dans un premier temps puis par le village grâce à la mise en place d’un potager entretenu par les enfants. Elle permet d’une part aux enfants d’avoir deux repas par jour (ce qui n’était pas le cas) de ne pas travailler le ventre vide, et d’autre part incite les parents à les envoyer à l’école. L’association a aussi mis en place un système de bénévolat qui permet d’aider l’unique instituteur.
  • De gros travaux de construction d’un bassin de rétention d’eau dans la montagne, qui alimente un château d’eau par des canalisations, qui redistribue l’eau à travers 5 fontaines dans le village, pour un montant total de moins de 11 000 euros, et beaucoup d’huile de coude. Ceci à entre autre permis une amélioration des conditions d’hygiène, mais aussi aux enfants d’aller à l’école plutôt que de faire la corvée d’eau.

enfants_et_paysage.jpgMais les plus gros projets sont l’électrification du village grâce à des panneaux solaires, le devis étant de 50 000 euros, et l’installation d’un barrage pour pouvoir traverser la rivière à la saison des pluies. A terme le village doit être autonome, et ne plus nécessiter l’aide de qui que ce soit. L’association veut aussi étendre son action aux villages voisins. «Action Pour Anka» a pour principal objectif de partir à la fin de l’année à Ankadibé, à plus de 10 000 kilomètres de Paris (à 5: il manque donc encore deux personnes), les valises pleines de fournitures scolaires, de médicaments, de vêtements et de jouets pour les 150 enfants de l’école primaire. Sur place et pendant la durée du voyage, tous les matins des cours de français (ou autre) seront donnés aux koutou kelly malgaches qui ont besoin d’un bon niveau pour entrer en sixième. Un autre voyage au bord de la mer ou ailleurs avec les enfants est aussi envisagé. Autre objectif plus spécifique à l’antenne parisienne, des démarches dans une ou plusieurs écoles (primaire ou collège) de sensibilisation à la pauvreté et à la situation à Madagascar, pour leur montrer comment des enfants de leur âge peuvent vivre si différemment, avec la possibilité de mettre en place une correspondance entre des classes françaises et l’école de Ankadibé, un échange culturelle qui serait bénéfique à tous.

Tout cela est possible grâce à l’important démarchage auprès des entreprises (l’Oréal, FNAC, Clairefontaine entre autres…), aux collectes de dons, à l’organisation de kermesses dans les écoles, de soirées et de journées à thème ainsi qu’à la mise en place de partenariat avec des écoles. Le tout sur le modèle de l’antenne Lilloise, qui elle aussi est partie de rien.

repas_a_l_ecole.jpgAu final Action Pour Anka est une toute nouvelle association, fondée par 3 jeunes filles motivées, dont le but est comme son nom l’indique d’agir et d’agir concrètement pour améliorer le quotidien des villageois d’Ankadibé et de la région, dans un pays pour lequel nous ne ressentons probablement pas assez le poids de notre ancienne influence coloniale et délaissé du reste du monde pour raisons diplomatiques. Un pays extrêmement beau, à frontière entre Asie et Afrique, mais aussi excessivement pauvre. Aux côtés de nombreuses associations qui prétendent «repenser» ou «réformer» la société et la politique en France ou en Europe il y d’autres projets moins médiatisés, qui ont des objectifs beaucoup plus terre à terre et du mal à se frayer un chemin. Il s’agit donc d’une manière différente mais pas surtout pas inutile d’utiliser votre deuxième vote !

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3 Comments

  • Arnaud Panis

    http://assoc.sciences-po.fr/assoc/P
    Un geste de solidarité pour des personnes dont les soucis ne sont pas de se masturber intellectuellement sur leur courants politiques, ou sur leur soirées et évènements du moment, mais plutôt de savoir si ils auront de quoi manger leur unique repas du jour…