Sortir des sentiers battus…

solal 3et découvrir de nouvelles oeuvres d’auteurs que l’on croyait pourtant si bien connaître.

images_solal_2.jpgBiensûr, en classe de première, vous avez du, la mort dans l’âme écouter les élucubrations de votre vieille professeur de français (là j’éxagère un peu car la mienne n’était ni vielle ni laide et même souvent intéressante) sur Le livre de ma mère d’Albert Cohen, parce qu’enfin on y peut rien, non, c’était au programme du bac…

Biensûr, vous vous souvenez de la première fois où une jolie blonde au doux visage rêveur un peu stupide vous a expliqué qu’elle avait tout compris de l’amour, ce si grand sentiment,en découvrant Belle du seigneur de ce même cher Albert…(là encore c’est vrai j’éxagère car je devais bien faire partie de ces blondes à l’air extatique répétant « fantastique, fantastique » la bave au lèvres et le sourire entendu des fausses intellos romantiques….)

Alors j’espère que vous vous souviendrez du jour où je vous ai parlé d’un autre roman d’Albert Cohen… Solal. Après ce que j’ai écrit plus haut, il vaut mieux que je modère mon emploi des superlatifs, mais je pense ne pas éxagérer en vous disant que ce livre est tout simplement génial…

Génial d’abord parce qu’il est drôle… Cohen reprend ici le personnage de Solal, amant terrible de Belle du Seigneur, et de certains des membres de sa solal 4famille tous plus loufoques les uns que les autres qui lui rendent une visite mémorable à Genève dans le même roman. Là, il nous raconte son enfance en Céphalonie puis son apprentissage de la vie sur le continent européen. Notre héros grandit dans un monde onirique où les grandes personnes tiennent des discours sans queue ni tête, un monde où il se joue des adultes dans un combat qu’il se raconte à lui même. On rit lorsque l’on lit les interminables et alambiqués monologues de son oncle Saltiel, on rit lorsqu’il se persuade d’avoir assassiné son précepteur. On aime ce petit homme déjà si fier et sûr de lui, déjà si amoureux des femmes…

solal 1Mais c’est vous qui tomberez amoureux de lui avant même d’avoir refermé le livre. Il séduit les hommes, chavire les femmes. C’est pourtant un personnage complexe qui malgré son assurance et son aisance est parfois submergé par la malice d’une femmes qu’il semblait dominer quelques minutes auparavant. Il est froid, glacial, ironique mais rayonnant de sensualité et de grâce. C’est un frustré épanoui, un rêveur cynique, bref l’homme idéal.

Cohen nous livre un vrai roman d’apprentissage beau et retentissant. Un livre qui nous introduit à une vie raffinée, parfumée, somptueuse, mais qui à aucun moment ne devient niais et convenu parce que toujours à la poésie se mêlent le cynisme et le calcul.

2 Comments

  • marion

    mes plus plates excuses pour la publicité des cigarettes « dandy »… il n’est pas d’image pour illustrer la puissance du personnage de Solal, mais que voulez-vous un article sans illustrations se lit bien moins agréablement…
    Pour ce qui est de « sortir des sentiers battus » il s’agissait juste de dire que oui « Belle du seigneur » est formidable mais que Cohen est aussi l’auteur d’autres romans tout aussi puissants voire présentant une réflection plus poussée , quoique quasi mystique, sur l’histoire de son peuple et du judaisme…

  • greg_smv

    Très juste, mais me demande en quoi il s’agit de « sortir des sentiers battus »? Tout le monde sait ou doit savoir qu’Albert Cohen est l’auteur de la plus belle littérature du XXe siècle, génie à nul autre pareil, il n’est permis à aucune âme sincère d’avancer quelque odieux jugement qui viendra affronter cet argument de la plus haute autorité!

    Aussi pourquoi cette publicité pour des cigarettes « dandy »? l’allure et l’élégance d’un Solal ne relèvent pas du dandysme! Ne sombrons pas dans une vulgarisation outrée, laissons cela à notre John national!