Un projet du gouvernement britannique suscite l’incompréhension de l’Europe de l’Est.

Le projet du gouvernement britannique fait polémique.

Depuis peu, des slogans au doux parfum d’ironie circulent sur le net. Ils sont le résutats d’une campagne de communication menée par un journal roumain en réaction à une mesure que le gouvernement britannique envisage de mettre en place : Cameron pourrait faire diffuser une courte présentation télévisée des inconvénients que comporte la vie insulaire. Cela dans un objectif précis : entre l’abondance de pluie et le manque de travail, le travailleur immigré n’est pas le bienvenu. La courte vidéo, sensée contrebalancer la fin des quotas qui pesaient sur les immigrés roumains et bulgares et qui dès lors, faciliterait l’accès au Royaume-Uni, a fait grand bruit en Europe de l’Est.

Les réactions des deux intéressés ne se sont pas faites attendre : la Roumanie comme la Bulgarie récusent les poncifes du fermier ou du chômeur partant en Angleterre, là où les rues sont pavées d’or. La population de ces pays ne va pas se ruer en masse outre-Manche après la levée des quotas, la grande partie des individus n’est même pas au courant du changement de procédure. D’ailleurs, ceux qui voulaient partir l’ont surement déjà fait, et pas que vers le Royaume-Uni : le roumains se dirigeraient en effet plus volontiers vers d’autres pays à langue latine. De plus, les migrations sont rarement suivies d’une installation définitive : nombre d’européens de l’Est travaille en Angleterre pour retourner s’acheter une maison au pays, etc. De sucroît, nombre d’immigrants déclarent que si les conditions étaient meilleures dans leur pays, ils ne le quitteraient pas.

Les roumains adoptent une attitude bien particuière pour répondre à l’idée du gouvernement anglais : ils ont créé des slogans à l’humour très britannique pour attirer les anglais dans le pays. Citons le « notre bière est moins chère que votre eau » ou « la moitié de nos femmes sont comme Kate, l’autre moitié ressemble à sa sœur ». De plus, la campagne de communication invite les anglais dans les campagnes roumaines pour suivre l’exemple du Prince Charles, qui possède déjà plusieurs propriétés dans la Roumanie profonde. Ainsi, ils réfutent l’idée que les roumains voudraient aller au Royaume-Uni puisque la Roumanie est bien plus attirante que l’Angleterre !

La réaction est plus crispée côté bulgare : les habitants estiment être méconnus et encore sous le coups de vieux clichés qui datent d’avant leur entrée dans l’Union. Cette situation est encore plus blessante quand elle est le fruit d’un gouvernement formés de cadres politiques sensés être instruits. En outre, l’idée de la désincitation à migrer ne concerne que deux pays ; les bulgares ont donc l’impression d’être cloués au pilori. Enfn, ils soulignent à juste titre le paradoxe de la situation : depuis quand un pays a-t-il intérêt à clamer au et fort ces défauts au monde entier comme l’a fait le Royaume-Unis dans son spot désincitatif ?

Pour éclairer les facteurs de cette campagne que pourraient lancer le Royaume-Uni, il est nécessaire d’avoir une analyse diachronique. La Suisse a déjà mis en place une telle opération de communication en 2007, à l’encotre des camerounais et nigérians qui briguaient en masse le statut de réfugié. De plus la même année, les mesures de protection des frontières anglaises avaient été levées pour les polonais ; des migrations fortes n’étaient pas à l’ordre du jour d’après les observateurs. Pourtant, la minorité polonaise est en cinq ans devenue la plus forte du Royaume-Uni. Mais ni la Roumanie ni la Bulgarie ne sont des puissances démographiques que l’est la Pologne et le lbéralisme anglais les attirent bien plus alors que les roumains préfèrent partir en Italie par exemple.

Ces deux facteurs contribuent à expliquer, en plus de la tendance structurelle à l’isolationisme outre-Manche, la campagne de publicité anti-immigration roumaine et bulgare. Mais la rhétorique d’un « tsunami » de migrants s’abattant sur les côtes de l’Angleterre est falacieuse et n’a pour objectif que d’hatiser la peur de l’autre au sein de la population anglaise. SI l’étude d’une telle campagne de communication est encore prudemment dite « au stade de la simple considération » par le gouvernement, bon nombre de députés veulent que le Royaume-Uni se prononce contre la levée des barrières. À croire que même l’humour très anglais des roumains n’a toujours pas dérider certains.

Par Tom Guilbert.