Tribunes : l’UNEF et l’UNI font bloc contre la réforme de la procédure de reconnaissance

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La direction de la vie universitaire a annoncé début avril aux syndicats de Sciences Po l’existence d’un projet de réduction du nombre d’associations, via une réforme de la procédure de reconnaissance présentée par l’administration. L’UNEF a fait circuler une pétition pour lutter contre ce projet, déjà signée par plus de soixante responsables associatifs. La Péniche donne l’opportunité à l’UNI et l’UNEF de préciser leur position sur le sujet dans une tribune. .

Défendre la richesse associative de Sciences Po, c’est défendre son attractivité !

par Léo Castellote, responsable de l’UNI-MET Sciences Po

Le foisonnement associatif dont jouit notre école est l’un de ses principaux atouts. Il est aussi au coeur de l’identité de Sciences Po. Dès lors, amoindrir cette richesse associative serait dramatique pour les étudiants comme pour l’attractivité de l’école. L’UNI-MET Sciences Po est donc très attachée à ce modèle.

Nous nous opposons à la volonté de l’administration de réduire le nombre d’associations reconnues à Sciences Po. Justifiée par le manque de salles libres pour les événements organisés par ces associations (qui est malgré tout une réalité et entraîne un rationnement de facto du nombre d’événements organisés par chaque association), elle aurait pour but de faire primer la qualité sur la quantité.

Toutefois, cela ne doit certainement pas se faire au détriment des associations de Sciences Po. La qualité et la richesse du débat intellectuel et de la vie culturelle à Sciences Po sont effectivement permis par le nombre important d’associations représentées dans l’école. L’UNI-MET votera donc contre cette réforme de la procédure de reconnaissance des associations.

Cependant, au cas où cette réforme devait malgré tout être adoptée, nous souhaitons clarifier la position que nous adopterions. En effet, il semble aujourd’hui que deux solutions envisagées par l’administration s’opposeraient alors. Augmenter à 250 le nombre de voix nécessaires pour être reconnu ou reconnaître les 60 associations ayant obtenu le plus de voix au cours d’une élection déplafonnée. Et ces deux propositions ne sont pas à mettre sur un pied d’égalité : la première serait bien plus dramatique pour notre vie associative que la seconde.

Devoir obtenir 250 voix serait en effet fatal à beaucoup de petites associations qui n’obtiendraient jamais ce nombre de soutiens très élevé. Le nombre d’associations reconnues s’écroulerait donc probablement et ne subsisteraient que les associations les plus grosses et les plus connues. Au contraire, s’il fallait malheureusement durcir la procédure de reconnaissance des associations, il vaudrait bien mieux décider de reconnaître les 60 associations préférées des étudiants. Ainsi, les 20-30 premières seraient probablement les grandes associations très connues mais cela laisserait aussi une chance aux petites associations et aux projets innovants. Et l’on serait au moins sûr que 60 associations (au lieu de 83 aujourd’hui) auraient la chance d’être reconnues, ce que l’on ne peut absolument pas assurer avec la première méthode.

Dans ce cas, l’UNI-MET opterait donc clairement pour cette seconde proposition afin de défendre les intérêts des associations sciencespistes. L’UNI-MET s’engage donc à défendre la richesse associative de notre école, et ce en toutes circonstances. Car défendre la richesse associative de Sciences Po, c’est défendre son attractivité !

Dessin par Marie Gros

Pour la défense des associations et la suppression de la procédure de
reconnaissance

par Solène Delusseau-Jelodin, présidente de l’UNEF Sciences Po

Depuis plusieurs mois, les représentants d’associations entendaient des rumeurs concernant une réforme à venir de la procédure de reconnaissance des associations, allant de la suppression au renforcement. Malgré leurs nombreuses demandes d’information, les réflexions de la direction n’ont finalement été présentées aux élus étudiants qu’en groupe de travail sur la vie associative il y a deux semaines, groupe de travail demandé par les élus UNEF.

La Direction de la Vie Universitaire y a annoncé sa volonté de réduire fortement le nombre d’associations présentes à Sciences Po en renforçant la procédure de reconnaissance. L’objectif affiché serait de ne pas dépasser un plafond d’une cinquantaine d’organisations reconnues, alors que ce nombre s’élève actuellement à 83. Cette mesure serait justifiée par la nécessité d’améliorer la qualité des services rendus par l’administration à la vie associative, de rendre plus lisibles les différents projets existants et de pallier le manque de salles disponibles.

Plusieurs pistes ont été évoquées, comme la nécessité pour une association de recueillir 250 voix pour être reconnue, ou l’obligation de faire partie des 50 projets recueillant le plus de soutiens de la part des étudiants. L’UNEF considère que la vie associative est une richesse de Sciences Po et permet à chaque étudiant de s’épanouir en complément de son parcours académique. Alors que le nombre d’étudiants ne cesse de croître, il est normal et sain que les projets se multiplient! Une sélection plus exigeante risque également de tuer des projets dans l’oeuf, et d’empêcher de nouvelles associations d’exister, avec une conséquence néfaste sur la diversité des opinions et des projets publicisés.

Pouvons-nous par exemple imaginer Sciences Po avec la moitié de ses associations politiques non reconnues ? Face à cette menace d’appauvrissement de la vie associative, l’UNEF a publié une lettre ouverte qui a déjà été signée par plus de 60 associations.

Lors d’un prochain groupe de travail et en Commission Paritaire, nous défendrons la suppression de la procédure de reconnaissance des associations telle qu’elle existe actuellement, le nombre de voix nécessaires étant défini de manière arbitraire et posant de vraies questions quant au respect de la liberté associative. L’argument du manque de salles est compréhensible, mais la réduction du nombre d’associations n’est pas la solution. De nombreuses associations ne réservent pas de salles à Sciences Po de façon régulière et la gestion de l’espace demande davantage une meilleure coordination inter-associative pour la planification des évènements que l’avortement pur et simple de projets.

Ainsi, pour assurer la reconnaissance de projets tout de même solides et bénéficiant au plus grand nombre, nous défendrons la nécessité que les porteurs de projets associatifs suivent une formation en début d’année. Si le premier format de la formation n’était pas adapté, l’UNEF s’est battue pour que celle ci soit réformée dès la prochaine rentrée, pour qu’elle soit plus concrète, pratique et sur des créneaux horaires adaptés. Derrière cet argument logistique se cache surtout la volonté de l’administration de se désengager du financement des associations, comme en témoignait la baisse de 25% du budget de la vie universitaire présenté en décembre dernier. Au delà de la procédure de reconnaissance, l’UNEF continuera à se mobiliser contre toute coupe budgétaire dans l’aide que Sciences Po apporte à ses associations, une de ses plus grandes richesses.

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